Le Conseil d’Etat soutient la volonté du Conseil fédéral d’imposer de nouvelles mesures pour freiner l’épidémie. Mais il juge certaines propositions inapplicables.

Pour les milieux concernés, ces mesures sont loin d’être anodines. La réintroduction du masque pourrait notamment faire baisser la fréquentation des manifestations.

Un centre de vaccination sera bientôt ouvert à Bulle. Les personnes de moins de 65 ans peuvent désormais s’inscrire pour une troisième dose.

DOMINIQUE MEYLAN

PRISE DE POSITION. Le Conseil d’Etat fribourgeois soutient l’idée d’une action coordonnée au niveau national pour freiner la pandémie de Covid. «La situation est suffisamment inquiétante pour dire oui au principe d’un catalogue de mesures», réagit son président, Jean-François Steiert. Le Conseil d’Etat juge toutefois inapplicables certaines propositions de la Confédération.

Des règles disparates entre les cantons péjorent leur «acceptance» par la population, souligne le communiqué. Le canton n’entend pas agir seul, si ce n’est peut-être à l’échelle de son administration. Mais cette position n’est pas figée. «Vu la situation et l’évolution des chiffres, le Conseil d’Etat peut en tout temps siéger d’urgence pour prendre des mesures supplé- mentaires», rapporte son président.

Le Conseil d’Etat préconise une entrée en vigueur des nouvelles mesures le 6 décembre. Sur les futures pistes à explorer, il n’exclut pas la vaccination obligatoire pour certaines catégories de la population et le principe des 2G (certificat réservé aux personnes vaccinées ou guéries).

Assis dans les bars

L’obligation de consommer assis dans les restaurants, les bars et les discothèques ne convainc pas le Gouvernement, qui juge cette mesure peu efficace. Pire, elle serait susceptible d’entraîner de graves conséquences économiques pour les milieux concernés. Le Conseil d’Etat recommande d’ailleurs que des mesures de soutien soient déployées pour le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, les clubs, les bars, les discothèques, les voyagistes, l’événementiel, la culture, les sports et les loisirs.

Dur à appliquer

L’extension de l’obligation de certificat est soutenue par le Conseil d’Etat. A une exception notable. «La proposition pour le cadre familial est difficilement applicable», note-t-il dans sa prise de position. «Il faut avoir les moyens de mettre en œuvre les mesures décidées», détaille Jean-François Steiert.

Fribourg a déjà pris des mesures dans les écoles. Le canton est en train de mettre sur pied quatre équipes mobiles capables de faire des tests en cas de flambée du coronavirus. Il juge ce système plus approprié qu’une généralisation des prélèvements comme le préconise la Confédération. Fribourg a expérimenté ce système dans les CO. «Si ces tests ont permis de détecter plus de 280 élèves positifs et asymptomatiques et, partant, de rompre des chaînes de contamination, force est de constater que le nombre de participant·e·s aux tests a régulièrement diminué au fil des semaines», peut-on lire dans sa prise de position. En résumé, sans obligation, il est difficile de tester un nombre suffisant d’élèves, raison pour laquelle le Conseil d’Etat rejette cette idée. Aucune des propositions de la Confédération sur le monde professionnel n’emporte totalement l’adhésion du Gouvernement. Ce dernier préconise le maintien de la recommandation de télétravail et l’obligation du port du masque, mais dans certaines situations seulement. ■

Possible extension du passe

CONSULTATION. Le Conseil fédéral a mis en consultation mardi une série de nouvelles mesures pour tenter de freiner la propagation du coronavirus. «Nous devons garantir un hiver sans fermeture et sans surcharge du système hospitalier», a souligné le ministre de la Santé Alain Berset, devant les médias. Entre l’arrivée en Suisse du variant Omicron, formellement confirmée mardi soir, et l’augmentation rapide du nombre de personnes infectées par Delta, le Conseil fédéral veut éviter une combinaison explosive.

Berne propose d’étendre l’obligation du certificat et du masque. Si ces mesures se confirment, il faudra un passe pour les réunions privées, en famille ou entre amis, à partir de 10 personnes. A quelques semaines de Noël, cette mesure pourrait toucher de nombreux foyers. Le certificat sera obligatoire pour les manifestations en plein air à partir de 300 participants et non plus 1000 comme aujourd’hui.

Dans les lieux publics et pour les manifestations, le port du masque sera exigé à l’intérieur même avec un certificat. Au restaurant, dans les bars et les discothèques, les clients devront consommer assis. Lorsque les activités culturelles et sportives ne le permettent pas, les coordonnées des personnes présentes devront être recueillies. Pour les clubs de sport amateur, le passe sera obligatoire pour les entraînements à l’intérieur dès l’âge de 16 ans.

Dans le monde professionnel, le Conseil fédéral propose trois variantes: soit port du masque obligatoire avec recommandation de télétravail, soit télétravail pour les employés ni vaccinés ni guéris ou port du masque quand ce n’est pas possible, soit obligation généralisée de télétravail. Dans les écoles, des tests réguliers pourraient être imposés.

En cas de retour positif des cantons à la consultation, les certificats délivrés à la suite d’un test verront leur durée de validité diminuer. Les passes liés à un test PCR pourront être utilisés pendant 48 heures et ceux basés sur un test antigénique rapide seulement 24 heures.

Le Conseil fédéral se prononcera définitivement vendredi. Ces nouvelles mesures pourraient rester en vigueur jusqu’au 24 janvier 2022. DM/ATS

«Retour à l’automne dernier»

RÉACTIONS. Ces mesures, même si elles prennent appui sur des restrictions existantes, sont loin d’être anodines pour les secteurs concernés. C’est un nouveau coup de massue, selon Anya della Croce, coordinatrice romande de Petzi l’association faîtière des clubs et des festivals de musique actuelle. «Nous avons l’impression d’être de retour à l’automne dernier.»

Les incertitudes, notamment sur la date d’entrée en vigueur, sont compliquées à gérer. «Des événements sont prévus ce week-end. Pour des structures extrêmement fragilisées, devoir se retourner en vingt-quatre heures relève de l’impossible», rapporte-t-elle. L’éventuelle réintroduction du masque fait craindre une diminution de la fréquentation. Quant à la réduction de la validité des tests, elle pourrait encore aggraver la situation, alors que les jeunes sont, de manière générale, moins vaccinés.

Quant à la consommation assise, «pour la majeure partie des structures, c’est tout simplement impossible. Elles n’ont pas les espaces adéquats», souligne la coordinatrice. Autre problème: certains artistes européens doivent annuler à cause des quarantaines. Pour la faîtière, il est extrêmement important que le Parlement prolonge les aides. Elle appelle également à réintroduire la gratuité des tests.

Ces mesures auront aussi des conséquences sur le sport. David Meyer, président de l’Uni Futsal Team Bulle, s’inquiète de la possible exigence du passe pour les entraînements. «Ce serait assez délicat, parce que certains joueurs n’ont pas le certificat et font les tests chaque week-end pour les matches.» Le président s’attend à perdre plusieurs joueurs si cette mesure est acceptée, et pas uniquement dans la première équipe. Et ce n’est pas tout: «Certaines personnes ne vont plus venir voir les matches si elles doivent porter le masque», poursuit-il. Avec pour conséquences, des rentrées financières en moins et des complications au niveau de l’organisation.

Mais une interruption du sport amateur, qui constitue la plus grande crainte pour le président, ne semble pas à l’ordre du jour. «Nous sommes en plein championnat. Si tout s’arrête, je suis sûr de perdre des joueurs et des entraîneurs.» DM

Près de 12 500 personnes ont reçu leur 3e dose

La Direction de la santé et des affaires sociales (DSAS) a fait mardi un point de situation sur la vaccination dans le canton. Dès le 9 décembre, la population du Sud fribourgeois pourra se rendre au nouveau centre situé à Bulle, dans les locaux de l’ancienne poste (rue Nicolas-Glasson 8). Ouvert du mercredi au samedi, sa capacité (810 doses par semaine) et ses horaires seront par la suite augmentés, indique la DSAS dans un communiqué.

La totalité des EMS ont procédé aux vaccinations de 3e dose des résidents. Les autres institutions à risque leur emboîteront bientôt le pas. Les inscriptions sont désormais ouvertes aux moins de 65 ans sur le site internet de l’Etat (www.fr.ch/vaccination-covid). Leur dernière dose doit toutefois remonter à plus de six mois. A noter qu’elles seront placées sur liste d’attente, les plus de 65 ans ayant la priorité. Les personnes vulnérables peuvent, elles, être annoncées à la Task force sanitaire par leur médecin.

Les moins de 30 ans sont vaccinés avec le Pfizer/BioN-Tech, même s’ils ont reçu le Moderna pour la ou les premières doses. «Pour le reste de la population, la dose de rappel devrait être administrée avec le même vaccin que celui utilisé pour l’immunisation de base», indique la DSAS.

Du côté des chiffres, 221 000 Fribourgeois (69% de la population) ont reçu au moins une dose, en l’état du 29 novembre. Cela représente 100% des plus de 75 ans, 91% des 65-74 ans, 85% des 50- 64 ans, 74% des 15-49 ans et 40% des 12-15 ans. Près de 12 500 Fribourgeois ont, quant à eux, reçu une troisième dose.

EF

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Le Conseil d’Etat ne veut pas du passe dans les réunions privées

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