Candidat le mieux élu en 2016, Jean-Pierre Siggen brigue un nouveau mandat. Le centriste dirige la DICS depuis 2013. Le moment de changer d’air?

FRANÇOIS PHARISA

Votre bilan en trois points forts?

Au niveau de la culture, je citerais le projet Culture et école. Il permet de mettre, une fois par an, 40 000 jeunes de la 1H à la 11H en contact avec un acteur culturel fribourgeois. Pour le sport, le Conseil d’Etat a soutenu la réalisation d’importantes infrastructures, telles que des piscines et la patinoire. Enfin, la mise en route de la nouvelle Loi scolaire a été le gros chantier, avec notamment les débuts de la numérisation de l’école.

En 2021, sur les 432 ayants droit (les enseignants de plus de 58 ans), 177 ont annoncé leur départ. La qualité de l’enseignement s’en trouve-t-elle péjorée?

Les effets de la réforme de la caisse de prévoyance du personnel de l’Etat étaient un souci majeur. Ce n’est pas exclu qu’il y ait eu quelques situations plus tendues, où il a fallu trouver des solutions à très court terme. Mais globalement, nous avons pu répondre aux besoins grâce à des mesures appropriées: interdiction des congés longue durée et non payés, augmentation du nombre d’étudiants à la HEP et ouverture d’une plate-forme électronique facilitant la recherche de remplaçants.

Les enseignants se sentent souvent démunis dans l’encadrement des élèves difficiles. En faites-vous assez?

C’est une évolution sociétale inquiétante: nous avons de plus en plus d’élèves en difficulté comportementale. Nous sommes intervenus en créant des classes relais au primaire. Des travailleurs sociaux viennent également en appui des écoles. Ils sont douze actuellement et le Grand Conseil a demandé la création de 46 postes supplémentaires d’ici 2024. Nous espérons que ces mesures porteront leurs fruits. Quant aux élèves porteurs de handicap, le Conseil d’Etat augmente chaque année le nombre d’enseignants spécialisés.

Qu’avez-vous entrepris pour faire face à l’augmentation des burn-out chez les enseignants?

Le métier devient de plus en plus compliqué. L’instituteur est un généraliste, qui doit composer avec de nouvelles branches, l’anglais et bientôt l’informatique. Par ailleurs, en favorisant l’inclusion, un travail de soutien et de coordination s’est ajouté. Nous avons augmenté le nombre d’enseignants et misé sur la formation continue. Malgré tout, nous devrons nous poser la question du modèle de l’enseignant primaire généraliste: doit-il être abandonné au profit de spécialistes, comme en Suisse alémanique? C’est une manière de répondre aux exigences croissantes.

De manière générale, l’éducation ne subit-elle pas la politique budgétaire rigoureuse du canton?

Non. Le Conseil d’Etat est toujours entré en matière sur l’augmentation du nombre des enseignants. Ainsi, nous avons pu garder les effectifs des classes stables.

Le budget de la culture n’a pas évolué depuis une dizaine d’années. Ne serait-il pas temps de l’adapter aux nouvelles réalités?

Un grand saut a été effectué dans les années 2000. Puis nous avons renforcé la professionnalisation des artistes et créateurs. Cela a pris du temps et nous devons désormais nous demander comment la développer davantage. Nous avons également agi sur les infrastructures, en participant à la création de la Maison des artistes. Evidemment, je ne parle pas de la parenthèse Covid, pendant laquelle il y a eu un soutien énorme de la part des autorités.

Il se dit dans le milieu culturel qu’on ne vous voit pas souvent dans les salles de spectacle du canton…

Mon emploi du temps ne me permet pas d’assister à un grand nombre de spectacles. Mais cela ne m’empêche pas d’avoir des contacts réguliers avec les acteurs culturels. Le chef du Service de la culture y représente le canton.

Venant de l’économie, la Direction des finances, qui se libérera, vous intéresse-t-elle?

La DICS est une vaste Direction et je peux tout à fait être comblé en y restant. La Direction des finances permet, elle, une vue d’ensemble unique. Ces deux Directions ont ma préférence. Le collège décidera.

Pourquoi voter pour vous?

Les citoyens trouvent en moi une personne rassembleuse, qui connaît bien ses dossiers, et qui est capable de créer des ponts et trouver des solutions pragmatiques. ■

Du patronat aux écoles

Avant de côtoyer les enseignants, les artistes et les sportifs, Jean-Pierre Siggen a longtemps été l’homme du patronat. Il est d’abord secrétaire patronal et vice-directeur de l’Union suisse des arts et métiers, entre 1989 et 1997. Puis, après un passage au service des conseillers fédéraux démocrates-chrétiens Flavio Cotti et Joseph Deiss, il devient directeur de l’Union patronale du canton de Fribourg dès 2000 et secrétaire général adjoint de la Fédération des entreprises de Suisse romande, de 2007 à 2013. L’année du tournant pour ce licencié en droit et en économie politique de l’Université de Lausanne. Une élection complémentaire au Conseil d’Etat est organisée pour remplacer Isabelle Chassot, en partance pour l’Office fédéral de la culture. Porté par l’alliance de la droite, le PDC Jean-Pierre Siggen, député et chef de groupe au Grand Conseil, s’impose de justesse devant le conseiller national socialiste Jean-François Steiert. Depuis, le Fribourgeois de 59 ans, valaisan d’origine, marié et père de trois enfants, chapeaute la vaste Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport. FP

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