Après l’adoption d’un Plan climat cantonal, le Conseil d’Etat met en consultation un avantprojet de Loi sur le climat.

FRANÇOIS PHARISA

CANTON. L’élaboration d’une loi après le lancement d’un plan de mesures et après une demande de financement: en matière climatique, le canton a décidé de faire les choses dans un ordre inhabituel. «L’urgence de la situation nous l’oblige. Nous avons commencé à mener des actions avant les débats de principe», justifie Jean-François Steiert.

Le président du Gouvernement fribourgeois était hier devant les médias, accompagné de ses collègues Didier Castella et Olivier Curty, pour présenter les contours de l’avantprojet de Loi cantonale sur le climat, mis en consultation jusqu’au 10 décembre. Et les trois conseillers d’Etat n’en sont pas peu fiers: «Il s’agit de la première Loi cantonale sur le climat de Suisse.»

A quoi sert-elle? «Elle vise à encadrer et renforcer la politique climatique du canton, elle lui donne une assise juridique à long terme», explique le Conseil d’Etat. Elle se veut un instrument de coordination permettant d’assurer l’efficacité et la pérennité du Plan climat cantonal.

Pour mémoire, ce dernier, adopté par le Gouvernement en juin dernier (La Gruyère du 15 juin), comporte une centaine de mesures en faveur du climat. Un premier crédit d’engagement de 21 millions pour sa mise en œuvre sur les cinq prochaines années sera d’ailleurs soumis demain au Grand Conseil.

Certaines mesures ont déjà été lancées de manière anticipée: mise en réseau de biotopes, installation de bornes électriques, projets pilotes de lutte contre les îlots de chaleur en ville, etc.

Au final, ce Plan climat doit permettre au canton de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de moitié d’ici à 2030. Et d’atteindre zéro émission à l’horizon 2050, conformément aux objectifs de la Confédération et à l’Accord de Paris. L’avant-projet de Loi sur le climat reprend ces objectifs. Il en poursuit également d’autres, parmi lesquels «le renforcement des capacités d’adaptation aux effets nuisibles du changement climatique» ou encore la volonté de «rendre les flux financiers des acteurs cantonaux compatibles avec un développement à faibles émissions de gaz à effet de serre». A ce propos, le Conseil d’Etat note qu’il souhaite, «dans un premier temps, que cet objectif soit réalisé au moyen de mesures librement consenties par le secteur financier».

Effort collectif

La mise en œuvre du Plan climat devient «une mission permanente» du Conseil d’Etat. «Chaque Direction a le devoir éthique de contribuer à sa petite échelle», souligne Jean-François Steiert.

Il en va de même des communes. Elles aussi doivent apporter leur pierre à l’édifice et penser leurs projets sous l’angle climatique, insiste Didier Castella. Et le directeur des Institutions, de l’agriculture et des forêts de préciser: «Si le Plan climat ne leur confie pas encore de devoirs directs dans l’exécution du catalogue de mesures, elles bénéficieront de mesures de collaboration, d’encouragement, de formation et de soutien. Le Conseil d’Etat souhaite avancer par paliers et intensifiera sa collaboration avec les communes ces prochaines années.» Les communes donc, mais aussi les entreprises, les associations et les citoyens peuvent bénéficier de soutiens financiers. «Des subventions sont prévues pour encourager notamment l’émergence de nouvelles technologies contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre», indique Olivier Curty, responsable de l’Economie et de l’emploi.

L’élaboration d’un plan de mobilité par une entreprise ou le développement par une haute école de pratiques favorables au climat ou encore certaines mesures touchant à l’énergie dans les plans communaux seraient, par exemple, susceptibles d’être soutenus.

Comment le Gouvernement compte-t-il financer ces mesures? Il ne donne pas de montant précis, mais entend «soumettre régulièrement des demandes de crédit au Grand Conseil». Il est par ailleurs prévu de puiser dans le fonds d’infrastructures.

En tenant compte du Plan climat, mais aussi des politiques sectorielles et intersectorielles existantes, le Gouvernement évalue au total à quelque 500 millions les montants qui seront engagés par l’Etat en faveur du climat ces cinq prochaines années. ■

«L’important est d’acquérir un réflexe pour le climat»

INTERVIEW. Pour le Gruérien Didier Castella, directeur des Institutions, de l’agriculture et des forêts, chaque tâche et activité de l’Etat doit se penser avec le souci du climat.

Vous qualifiez la politique climatique cantonale d’ambitieuse. Mais les moyens alloués sont-ils vraiment à la hauteur des enjeux? Pour comparaison, Genève consacre à son Plan climat 300 millions par année…

Didier Castella: Nous ne pouvons pas faire de comparaisons intercantonales, parce que certains cantons, comme Genève, intègrent toutes les politiques sectorielles dans leur Plan climat. Nous faisons autrement. Les mesures en faveur de la mobilité douce, par exemple, ont leur propre financement, elles ne sont donc pas intégrées au Plan climat cantonal. Ce dernier renferme des mesures complémentaires, qui s’ajoutent à toutes les mesures climatiques que nous prenons déjà, notamment en termes de mobilité, d’assainissement des bâtiments et de production d’énergie renouvelable.

C’est vrai, le crédit d’engagement de 21 millions demandé au Grand Conseil pour la mise en œuvre du Plan peut sembler modeste, mais il faudra voir la somme de tous les efforts effectués. Nous soumettrons régulièrement au Législatif de nouveaux crédits d’engagement. C’est un choix stratégique de ne pas faire du bluff avec un chiffre choc. Ce qui compte, in fine, c’est ce que nous ferons concrètement. L’important est d’acquérir un réflexe climatique: sur chaque dossier empoigné, nous devons avoir une approche climatique.

Concrètement donc, quelles mesures ont-elles déjà été prises depuis le lancement de la politique climatique cantonale?

Citons le soutien à la production de l’énergie renouvelable, via l’encouragement à l’installation de panneaux photovoltaïques. Un exemple parmi d’autres. La politique climatique est une politique transversale. Nous devons prendre en compte tout ce qui est fait parallèlement au Plan climat. Lorsque l’on assainit un bâtiment, que l’on favorise les circuits courts avec l’action Kariyon, etc., on diminue la production de CO2 et on contribue ainsi à la lutte climatique.

Il y a des politiques sectorielles, il y a un Plan climat contenant 115 mesures, il y aura désormais une Loi sur le climat: comment allez-vous prioriser les mesures à prendre, les secteurs où investir?

La volonté du Conseil d’Etat est d’avancer le plus rapidement possible. Nous devons encourager, montrer l’exemple, faire en sorte que les communes, les entreprises et les citoyens suivent. Chaque Direction de l’Etat a la responsabilité de faire avancer ses mesures. Le canton de Fribourg peut se targuer d’être le premier à avoir élaboré un Plan climat et une loi destinée à renforcer et encadrer la politique climatique. FP

Réseaux

Actualités

Médias

Services

La Gruyère

Actualités

Médias

Services

La Gruyère

Renforcer la politique climatique

Vous voulez en savoir plus ?

Les bonnes raisons de s'abonner

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles