Pour le Conseil d’Etat, exiger une tenue correcte, ce n’est pas stigmatiser ou sexualiser les élèves, c’est les préparer à la vie en société.

ÉCOLE. Exiger une tenue correcte à l’école, ce n’est pas «stigmatiser, humilier ou sexualiser les élèves». C’est «développer leur capacité à s’adapter de façon adéquate aux divers contextes de l’existence». Voilà, en résumé, la réponse que fait le Conseil d’Etat aux députées socialistes Kirthana Wickramasingam (Bulle) et Martine Fagherazzi (Ecuvillens).

Ces dernières s’inquiétaient du sexisme à l’école, à la suite de la polémique provoquée en février par un professeur du Collège de Gambach. Celui-ci avait demandé à une élève de porter un soutien-gorge sous son T-shirt. Choqué, le collectif Grève féministe et des femmes* Fribourg avait déclenché une action médiatique, avec le hashtag #Balancetonprof.

Le Conseil d’Etat précise que l’avis de ce professeur, concernant les tenues de deux élèves, était partagé par d’autres enseignants intervenant dans cette classe. Le professeur titulaire avait donc pris les deux élèves à part et les avait informées de ce problème.

Comportements déplacés

La question vestimentaire à l’origine de l’action a finalement laissé place à d’autres témoignages portant sur des comportements et des propos déplacés, ainsi que sur des agressions sexuelles. «Les témoignages lus sur Instagram rapportent des mots inadéquats et des comportements déplacés et inacceptables», reconnaît le Conseil d’Etat. Mais il regrette «qu’une campagne anonyme sur les réseaux sociaux ait pu créer une suspicion généralisée sur la profession et sur le système scolaire dans son ensemble».

Un questionnaire a été adressé depuis aux élèves pour un premier état des lieux. Mais, selon une première analyse, les cas sont peu nombreux: «Les directions des 22 CO ont rapporté une dizaine de situations qui ont posé un problème durant ces dernières années.» Pour les écoles du secondaire II, on parle de deux plaintes ces cinq dernières années. L’Eikon vit la situation la plus grave, puisque trois enseignants ont été suspendus et qu’une enquête administrative est en cours.

Pas d’impunité

D’autre part, tout serait en place pour que la parole des victimes soit entendue: «Grâce aux nouveaux dispositifs mis en place, tant pour les écoles du post-obligatoire général que professionnel, les élèves s’estimant victimes de sexisme, de discrimination ou d’abus de pouvoir ont pu et pourront encore à l’avenir témoigner sans crainte de représailles.»

Le fait que les élèves ne soient pas toujours informés des sanctions ou mesures prises ne signifie pas qu’il règne un climat d’impunité. Le Conseil d’Etat entend néanmoins mener quatre actions complémentaires: mieux faire connaître les personnesressources, encourager les élèves à témoigner, renforcer l’offre de formation des enseignants, poursuivre la formation juridique des directions d’école. XS

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