Enfant de Romont, Frédéric Brodard revient sur ses terres pour y présenter samedi au Bicubic une comédie musicale. Son enfance en Glâne, son expérience au Cours Florent à Paris, la scène en Angleterre et sa vie de comédien romand: l’artiste de 36 ans se dévoile.

VALENTIN CASTELLA

ROMONT. On aurait pu le définir comme le gamin qui chantait Les petits chevriers lors des fêtes de famille, comme le jeune homme de Romont qui a tenté sa chance à Paris, comme le fils de l’ancien syndic de Romont Roger Brodard, ou comme celui qui a assouvi grâce à la scène son besoin de reconnaissance dans le regard des autres. Frédéric Brodard a été cet enfant et cet homme. Ces étapes lui ont permis de devenir l’artiste qu’il est aujourd’hui. Soit un acteur de 36 ans certain de ses choix, qui se produira samedi au Bicubic pour y présenter la comédie musicale Into the woods (lire ci-dessous).

Cette sérénité, le Glânois la savoure aujourd’hui, lui qui a longtemps cherché à plaire pour se sentir exister. C’est d’ailleurs à Villaz-Saint-Pierre, durant son école primaire, qu’il a ressenti pour la première fois la sensation «grisante» d’être regardé. «Comme je chantais juste et que je n’avais pas peur de parler en public, on m’a donné un petit rôle dans une pièce. J’avais 8 ans et je m’en souviens encore. Cela m’avait tellement plu de me sentir si vivant.»

Le Glânois a logiquement poursuivi sur sa lancée en devenant membre d’un chœur pour enfants, puis de celui du CO de la Glâne. «J’ai connu une période délicate durant l’adolescence. Le théâtre, c’était un peu ringard pour les gars de mon âge. Pour être cool, il fallait faire du skate. Je me suis alors fondu dans le moule, avant de m’engager au sein de la troupe de théâtre du Collège Saint-Michel à Fribourg.»

Après avoir obtenu son bac, Frédéric Brodard a pris la décision de se lancer dans la comédie. «J’ai terminé mon armée et j’ai travaillé un moment pour gagner un peu d’argent, avant de partir à Paris, au Cours Florent. J’avais 21 ans, je voulais quitter cette région. Cette éducation campagnarde, fribourgeoise et catholique m’étouffait.»

La révélation

Direction la capitale fran- çaise pour y réaliser son rêve de gosse: «J’y suis allé avec des paillettes dans les yeux, car de nombreuses stars ont étudié dans cette école. Mais j’ai été déçu. Je m’attendais à davantage de professionnalisme. Heureusement, dès la deuxième année, j’ai choisi la section anglaise et c’est à ce moment-là que j’ai découvert la comédie musicale, que j’ai étudiée durant deux ans.»

Frédéric Brodard avait trouvé sa voie et les événements se sont enchaînés au terme de son expérience au Cours Florent. Il a d’abord persévéré dans cette discipline en intégrant une école en Angleterre, avant d’écumer les sites scolaires du Royaume-Uni au sein d’une troupe. «J’ai même enseigné le théâtre à Casablanca durant une année. C’était dingue de se retrouver dans cette ville.»

L’Ecosse, l’Irlande, le Maroc et quelques spectacles en Suisse: autant de destinations qui ne correspondaient toutefois pas au projet initial: celui de percer dans la capitale fran- çaise. «A un certain moment, je me suis demandé ce que je faisais là-bas. Et je me suis rendu compte que je restais en France pour obtenir la reconnaissance d’avoir réussi à Paris, et non pour la qualité de mon travail.»

Il a ainsi changé d’optique en revenant dans son pays d’origine. «La Suisse n’a pas à rougir. Grâce notamment aux subventions, des spectacles de qualité sont proposés. Certains sont même meilleurs qu’en France.»

Loin des clichés

De retour, le Glânois a rencontré plusieurs comédiens avec qui il a tissé des liens. Ensemble, ils ont constaté qu’il était possible de se distinguer en proposant de la comédie musicale différente de celle que le public imagine. «Elle est considérée comme un art populaire, moins réputé que le théâtre. Mais elle parle à beaucoup de monde et ce que nous proposons, avec le Collectif Sondheim, ne correspond pas aux clichés. La finesse du texte passe avant le grand spectacle.»

Aujourd’hui, Frédéric Brodard est donc acteur, chanteur, mais également producteur et metteur en scène. «Avec les autres membres du collectif, nous avons même construit les décors.» Il poursuit: «A certains moments, j’assume pratiquement un rôle de chef d’entreprise qui collabore avec une trentaine de personnes, dont dix comédiens et six musiciens. Et, quelques mois plus tard, je me retrouve barman pour gagner ma vie. Même si ma situation peut paraître précaire, je ne me plains pas. A Paris, certains comédiens ont faim. Ce n’est pas mon cas. Je vis en collocation à Puidoux et je fais ce que j’aime.»

La vie de comédien est faite d’occasions et d’adaptation, selon le Glânois, qui préfère «profiter du moment présent» plutôt que de se projeter. Cette semaine, il se concentre sur la préparation de la comédie musicale qui se déroulera à Romont. Un endroit qu’il a fui il y a une quinzaine d’années: «Je ne pensais pas revenir. Et, franchement, je suis heureux d’être de retour. Pas pour montrer aux gens que j’ai réussi à devenir comédien et obtenir la reconnaissance que je recherchais tant, mais pour leur proposer une comédie musicale dont je suis fier.» ■

Cinq contes, une comédie musicale

En partenariat avec le Bicubic, le Collectif Sondheim présentera samedi à 20 h sur la scène romontoise la comédie musicale Intothewoods. Mise en scène par Frédéric Brodard, celle-ci regroupe quatre contes de Grimm qui en forme un cinquième. «Lors du premier acte, on découvre différents personnages bien connus, comme le Petit Chaperon rouge, Cendrillon ou Raiponce, décrit le Glânois. Il s’agit d’une farce. Le deuxième acte est, par contre, plus sombre. Les personnages caricaturaux qu’on connaît deviennent alors plus humains face à une catastrophe qui bouleverse la vie de tous.»

La première partie de cette pièce, écrite par Stephen Sondheim, se jouera en anglais. «Les spectateurs pourront suivre l’histoire grâce à des surtitres en français», rassure Frédéric Brodard. La seconde moitié s’effectuera par contre en français. Au total, dix comédiens et six musiciens se retrouveront sur scène. VAC

Romont, Bicubic, samedi 20 novembre à 20 h

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Frédéric Brodard de retour sur les terres qu’il a fuies

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