Groupe E invite les communes à désigner un représentant pour siéger dans les comités de pilotage mis en place pour chaque parc éolien. Il veut aussi commencer des études, notamment de vent, dans les quatre sites en coordination réglée.

XAVIER SCHALLER

ÉOLIENNES. A peine en place, déjà dans le vent. Les exécutifs des communes susceptibles d’accueillir une ou plusieurs éoliennes ont reçu hier un courrier de Groupe E Greewatt. «Nous leur demandons de nommer un délégué, parmi les élus récemment assermentés», a expliqué en conférence de presse Jacques Mauron, directeur général de Groupe E. Ces conseillers communaux siégeront au sein des comités de pilotage (COPIL), mis en place pour chaque projet.

Ces COPIL discuteront des différentes étapes des projets: pose de mats de mesure, campagne d’information, études d’impact, construction du parc, questions administratives ou financières, etc. L’entreprise dit vouloir ainsi intégrer les communes durant le développement, la construction, puis le suivi des parcs. En plus des délégués des communes, les COPIL compteront des représentants de Greenwatt, des bureaux d’études et d’autres partenaires à définir.

Des groupes de travail sont prévus, dédiés à l’information à la population, au suivi ainsi qu’aux questions environnementales et paysagères. «Les COPIL seront chargés de créer ces groupes et de définir leur composition», indique Jacques Mauron. Selon lui, les élus locaux sont les mieux à même de savoir quelles personnes choisir.

Outre des propriétaires fonciers, des habitants ou des associations de protection de la nature, les groupes de travail pourront intégrer des opposants aux projets. «Nous avons déjà proposé à deux associations anti-éoliennes de participer», souligne Léonie Berst-Bongard, chargée d’affaires Eolien chez Greenwatt (lire ci-contre).

Commencer les études

Le directeur a rappelé les objectifs fixés au canton par la stratégie fédérale 2050: 160 GWh/an d’ici à 2030, alors que la production éolienne est actuellement de 0. «Un défi de taille, car au niveau de la planification énergétique, 2030 c’est demain.» C’est pourquoi Greenwatt veut commencer sans tarder des études, notamment de vent, sur les quatre sites éoliens en coordination réglée dans le Plan directeur cantonal (La Gruyère du 10 octobre 2020).

Il s’agit des sites des côtes du Glaney (Billens-Hennens, Siviriez, Romont, Ursy), du massif du Gibloux (Sâles, Le Châtelard, Vuisternensdevant-Romont, Grangettes, Villorsonnens, Sorens), des monts de Vuisternens (Siviriez, Le Flon, Vuisternens-devant-Romont) et des collines de La Sonnaz (Misery-Courtillon, Belfaux, La Sonnaz, Courtepin). Les trois autres (Schwyberg, Surpierre-Cheiry et autour de l’Esserta) attendent le feu vert des autorités cantonales et fédérales.

Si les mesures sont concluantes, il sera possible de définir le nombre, le modèle et l’emplacement précis des éoliennes. «Nous ne pourrons définir le gabarit des machines qu’après ces études», note Léonie Berst-Bongard. Pour les mesures de vent, les mats étant des installations provisoires, aucun permis de construire n’est nécessaire, seulement l’autorisation du propriétaire. A savoir la commune dans la plupart des cas, puisque l’entreprise veut favoriser les parcelles communales pour l’installation des éoliennes. «Car la manne financière peut être significative, estime Jacques Mauron. Les communes qui le désirent pourront aussi coinvestir dans les projets.»

Transparence promise

En conférence de presse, Jacques Mauron a assuré qu’«aucune construction ne se fera sans l’aval de la population. Nous sommes favorables à des votes consultatifs. Mais ce n’est pas à nous de décider quand et comment.» Il a aussi fait son mea culpa, assurant que son entreprise n’a jamais voulu cacher quoi que ce soit à la population. «Ce qui s’est passé avec les lettres de convention confidentielles, signées avec trois communes, est malheureux. Je le regrette clairement.» Et de promettre que les résultats de toutes les études – mesures de vent, études d’impact et autres – seront disponibles.

Un site dédié, www. greenwatt.ch, doit servir de plate-forme d’information pour la population. «Nous voulons être entièrement transparents, jusqu’à la fin des procédures et durant l’exploitation.» ■

Demander l’avis des habitants

Les différentes initiatives de Groupe E Greenwatt annoncées hier matin en conférence de presse (lire ci-contre) ont-elles convaincu les groupes opposés aux projets éoliens du Sud fribourgeois? Contacté à ce propos, Frédéric Genevey, membre du comité de l’association Vents Contraires, note en premier lieu le changement de cap de Groupe E en termes de communication. «L’entreprise a certainement sous-estimé la levée de boucliers et l’indignation de la population par rapport à sa manière d’opérer jusque-là. Elle tente de rattraper le dégât d’image causé ces derniers mois en souhaitant faire preuve de davantage de transparence. Greenwatt a donc fait un pas vers nous. Nous le saluons.»

Quant à la question de savoir si son association allait intégrer les groupes de travail que souhaite former Groupe E, les membres de Vents Contraires vont en discuter ces prochains jours. «Depuis plusieurs mois, nous demandons de la transparence et un dialogue. Ne pas y participer serait contre-productif. Le dialogue, nous le recherchons aussi. Pour écouter leurs arguments, et pour que la société entende les nôtres.»

«Utiliser tous les moyens légaux»

Une possible participation qui n’apaisera en rien la volonté de l’association à s’opposer aux projets éoliens. «Nous nous mobiliserons et nous allons utiliser tous les moyens légaux à disposition pour contrer les sites industriels en projet. Nous nous opposerons à la destruction de certaines forêts.» Comment vont-ils procéder? «En alertant et en informant les gens, le tout en demandant aux exécutifs de soumettre la question de l’installation d’éoliennes en assemblée communale. J’espère que les élus et Groupe E vont tenir compte de l’avis de la population.» Il ajoute en conclusion: «Si tel est le cas, il aurait certainement été plus judicieux de demander l’avis des habitants avant la pose onéreuse de mats de mesure.» VAC

Planification idéale et

Groupe E Greenwatt a présenté une planification idéale et provisoire, précisant qu’un investissement de 2 à 4 millions de francs serait nécessaire, pour chaque site, pour les études préalables.

Eté 2021. Campagne de mesures.

Fin 2022. Examen préliminaire et planification de détail.

Printemps 2024. Dépôt de Plans d’aménagement locaux et mise en consultation des permis de construire.

Printemps 2025. Mise à l’enquête publique.

Début 2029. Traitement des oppositions et entrée en force des autorisations.

Printemps 2031. Construction et exploitation.

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