Pour la troisième fois, Willy Schorderet sera le seul candidat dimanche à la préfecture de la Glâne. Avant cette échéance, le citoyen de Massonnens revient sur les dossiers qui ont animé cette législature.

VALENTIN CASTELLA

PRÉFECTURE. Il n’a pas fallu deux minutes avant que Willy Schorderet ne vante les mérites de son district. A peine assis dans son bureau de la préfecture, le maître des lieux dégaine son téléphone portable pour faire admirer une photo du Moléson qu’il a prise côté Glâne. «C’est depuis ici qu’il est le plus beau», dit-il en souriant. Willy Schorderet (62 ans) ne peut s’en empêcher: son district, il ne cessera jamais de le défendre et de le chérir. A tel point qu’il a décidé de se porter candidat à la préfecture pour la troisième fois. Elu avec 97% des voix en 2011 et 98% en 2016, le centriste de Massonnens devrait sans surprise être adoubé par la population dimanche. Avant cela, il se prête au jeu du bilan de législature.

Encore une fois, vous êtes le seul candidat. Willy Schorderet est-il craint par la concurrence ou fait-il l’unanimité?

Inspirer la crainte serait la pire des choses! Cela voudrait dire que je n’ai pas rempli ma mission. Si personne ne conteste mon poste, c’est que les citoyens me font confiance et qu’ils s’identifient à ce que la préfecture et les communes ont accompli. Le préfet est une personnalité qui tire en avant les projets. Mais il ne peut rien entreprendre seul. Il a besoin du soutien des communes, des députés et des associations. Et je crois que tout le monde est en accord, puisque les gros dossiers, comme les EMS ou la rénovation du CO de la Glâne ont, à chaque fois, été approuvés à plus de 75%.

La construction d’Epicentre est-elle votre plus grande réussite de la législature?

Avec les communes et le CO, nous avons effectivement réussi à proposer quelque chose de nouveau qui profite à toute la population. Mais l’Epicentre n’est pas l’unique réalisation à mettre en exergue. Il ne faut pas oublier la construction de l’EMS de Vuisternens-devant-Romont, le lancement des travaux de celui de Siviriez, la consolidation du Réseau santé de la Glâne, la rénovation du CO et le lancement de l’élaboration du Plan directeur régional.

Concernant ce dernier point, vous semblez en retard par rapport à d’autres districts…

Disons que nous ne sommes pas en avance. Il était important de connaître le cadre légal cantonal avant de se lancer. Je préfère traiter un dossier avec du rythme, plutôt que de le laisser traîner trop longtemps sur la table. Le 26 novembre, un premier atelier sera organisé afin de définir les enjeux. Beaucoup de choses pourront être imaginées. On peut se permettre de rêver, tout en ayant conscience des restrictions que la loi impose.

La plaie de l’abandon du site de Billens par l’HFR s’est-elle refermée?

Le district a été trahi. Les communes avaient investi 22 millions et 7 millions de dettes restent à assumer. Inadmissible. Aujourd’hui, nous sommes en discussion avec le canton pour acquérir le bâtiment pour un franc symbolique. Les négociations durent depuis des mois. Nous attendons une rencontre avec impatience, afin de sortir de l’impasse. Sans décision, nous ne pouvons pas concrétiser la venue de physiothérapeutes, médecins, ostéopathes ou des Ligues de santé. Cet accord nous permettra également de savoir si des investissements seront nécessaires.

Encore des investissements, après les 150 millions crédités aux constructions des EMS, de l’Epicentre et de la rénovation du CO. Cela fait beaucoup de frais en même temps pour les communes, non?

Ces investissements s’effectuent selon un plan qui a commencé il y a plusieurs années. Je peux comprendre les communes. Mais ces charges répondent à des besoins. Un responsable politique ne peut pas se satisfaire des conditions que propose actuellement le home de Siviriez.

Autre sujet qui a secoué le district: les mésententes ou dysfonctionnements au sein de plusieurs conseils communaux, comme Romont, Siviriez ou Ecublens. Comment avez-vous appréhendé ce rôle de juge?

Il s’agit de l’une des tâches les plus délicates. Car on a souvent à faire à des gens de bonne volonté, mais qui ne parviennent pas à travailler ensemble. Il faut essayer de ressentir et de comprendre les non-dits. Certains me demandent pourquoi je n’agis pas avant que la situation ne s’envenime. Mais ce n’est pas mon rôle. Par contre, dès que je suis impliqué, je dois rapidement trancher.

Des fusions de communes avec des administrations renforcées permettraient de soulager certains conseillers communaux. Or, en Glâne, les fusions n’ont pas été légion ces dernières années, contrairement à votre ambition en début de législature. S’agit-il d’un échec?

Un projet se dessine en Glâne-Sud. Des discussions sont en cours entre Le Châtelard, Grangettes et Massonnens et on évoque aussi le sujet entre Châtonnaye et Torny. J’aimerais aussi que Billens, Mézières et Romont se projettent. Les fusions se construisent sur le long terme et il est nécessaire que chacun, conseiller communal comme citoyen, soit persuadé par la démarche. Cela se fera, mais petit à petit.

Cette législature a également été marquée par le dossier éolien, qui a divisé la population glânoise…

L’implication de la préfecture était mineure et elle n’avait pas à intervenir. Je reste persuadé que les communes ont voulu bien faire. Elles ne se sont pas rendu compte des conséquences. Je regrette que le canton et Groupe E n’aient pas mieux communiqué. Le message n’était pas clair et les gens ont eu l’impression qu’on leur cachait quelque chose. C’est regrettable.

Personnellement, vous êtes pour ou contre la pose d’éoliennes dans le district?

Elles n’ont pas leur place en Glâne. L’élaboration du Plan directeur régional nous permettra peut-être de mettre en avant d’autres sources d’énergie. Je pense notamment au solaire. L’entreprise Kromatix est installée à Romont. Profitons-en!

Quels sont les gros projets qui animeront le district ces prochaines années?

Le Plan directeur régional, la fin de la rénovation du CO, la construction du home de Siviriez et, bien sûr, le réaménagement du site de Billens. ■

«Un métier extraordinaire»

«J’ai réfléchi. Pas très longtemps, certes, mais quand même.» Avant d’officialiser sa candidature à sa propre succession, Willy Schorderet s’est posé la question de savoir s’il devait rempiler ou non. «J’ai décidé de continuer, car de nombreux projets sont en cours et j’ai la chance d’exercer un métier extraordinaire.»

A l’heure du pronostic, le préfet se garde de tout triomphalisme. Son objectif n’est pas de battre son score de 2016, lorsqu’il avait obtenu 98% des voix. «Cela fait onze ans que je suis en place. Certainement que j’ai déçu quelques personnes. On verra bien. En tant qu’être humain, on souhaite toujours faire mieux, ou aussi bien. Mais cela ne sera pas un drame si je n’atteins pas le même pourcentage dimanche. Par contre, je me poserais beaucoup de questions si je parviens tout juste à dépasser les 50%.»

Agé de 62 ans, le Glânois compte-t-il céder son siège en cours de mandat? «Je ne suis pas là pour placer mes pions, mais pour faire mon travail. J’arrêterai le jour où je ne me sentirai plus proche des gens, et quand ils estimeront que je ne peux plus apporter autant qu’avant.» VAC

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«J’arrêterai le jour où je ne me sentirai plus proche des gens»

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