Quelque trois cents personnes ont répondu à l’invitation de la commune de Romont lundi, pour une séance d’information concernant la route de contournement. Deux mises l’enquête séparées seront déposées, pour les secteurs est et sud. Si les deux sont construits, la facture pourrait se situer entre 45 et 80 millions de francs.

XAVIER SCHALLER

ROMONT. «Ceci est une séance d’information, pas une soirée de débats.» Le syndic de Romont Jean-Claude Cornu a tout de suite mis les points sur les i, lundi soir au Bicubic: la commune a convié ses citoyens pour présenter l’état du projet de route de contournement, pas pour discuter de sa nécessité. «Nous avons attendu que cela soit suffisamment avancé, pour montrer des choses concrètes, pas seulement des vues de l’esprit», a précisé le syndic. Il était accompagné sur scène par l’ingénieur cantonal André Magnin, du préfet de la Glâne Willy Schorderet et du conseiller d’Etat Jean-François Steiert. En face d’eux, quelque trois cents personnes.

Le directeur du Développement territorial, des infrastructures, de la mobilité et de l’environnement (DIME) a rappelé que la priorité avait d’abord été donnée à un tracé passant à l’ouest de la colline. «Mais en 2015, la commune a demandé d’étudier la version est.» Les études ont montré que cette alternative est plus chère et légèrement moins favorable. «Mais sans que cela ne soit significatif, a noté Jean-François Steiert. Elle a donc été jugée valable.»

Le délestage du secteur de la gare – de plus de la moitié du trafic selon les estimations actuelles – est un des grands avantages du tracé est, aux yeux de Jean-Claude Cornu: «L’interface de la gare est un souci permanent du Conseil communal, notamment pour la sécurité. Tant qu’on a autant de voitures, on n’y arrivera pas.» La baisse du trafic permettra aussi un meilleur développement immobilier de cette zone.

Les choix du Grand Conseil

En 2016, le Grand Conseil a choisi sept projets de nouvelles routes de contournement. Celle de Romont a ensuite fait partie des trois tracés jugés prioritaires. «Route ou pas? La question ne se pose pas à ce stade, a souligné Jean-François Steiert. Le rôle du Conseil d’Etat est maintenant de présenter le meilleur projet.»

Un comité de pilotage a été constitué en 2019. Il a recommandé cette année le choix de la variante présentée lundi (La Gruyère du 14 juillet). «Ce projet dépasse largement Romont, a plaidé Willy Schorderet. Il implique toute la région, toute la Glâne.» Le Conseil d’Etat l’a d’ailleurs compris en intégrant au comité de pilotage, en plus des représentants de la commune et de la préfecture, plusieurs députés du district. «Des gens qui peuvent rapporter les soucis de la population. Une proposition est faite aujourd’hui, qui peut toujours s’améliorer.»

Pas tant de questions

Au moment des questions, le président de l’association Stop contournement, Luc Bardet, a reproché aux autorités de n’avoir pas consulté la population. (La Gruyère du 29 septembre): «Ni sur la pertinence d’une nouvelle route ni sur le tracé envisagé. J’en viens donc à ma question.» Les nombreux «ah!» de soulagement dans la salle et des applaudissements ironiques ont montré que l’ancien conseiller communal Vert n’avait pas la cote sur ce sujet. «Comment le Conseil d’Etat entend-il corriger les manquements du projet romontois à la Convention d’Aarhus?»

Jean-François Steiert a commencé par lui rappeler le fonctionnement d’une démocratie semi-directe: «Où une partie des pouvoirs sont transmis à des législatifs élus.» Concernant la Convention d’Aarhus, il existe, selon lui, «une longue jurisprudence, de nombreux considérants, des avis de droit. Le Conseil fédéral a retenu que la procédure de mise à l’enquête, telle qu’elle existe en Suisse, est un élément suffisant pour répondre aux besoins de la Convention.» Et des mises à l’enquête auront lieu pour les deux tronçons (lire ci-dessus). «Si des recours se font, on pourra toujours voir si le Tribunal fédéral estime que le Conseil fédéral a tort.»

D’autres questions concernaient des détails techniques, les passages pour les animaux, le PAL, qui devra être adapté, ou le remaniement parcellaire, qui se fera en coordination avec les TPF.

Après une demi-heure de dialogue, plus aucune main ne s’est levée. A 21 h 05, le syndic a donc clos une séance qui est restée sereine. ■

Entre 30 et 60 mio pour le secteur sud

TRONÇONS. Pour la route de contournement, deux mises à l’enquête distinctes seront effectuées en 2023, pour les secteurs est et sud. Questionné sur la durée des travaux, l’ingénieur cantonal André Magnin est resté très prudent: «Entre deux et quatre ans, selon si l’on peut réaliser les deux secteurs en parallèle ou pas.»

Quant au coût, il est encore difficile à chiffrer à ce stade. «Entre 15 et 20 millions de francs pour le secteur est, a avancé Jean-François Steiert. Entre un peu plus de 30 et 60 millions pour le secteur sud.» Ce qui mènera sans doute au référendum financier obligatoire et il se peut que seul le secteur est soit construit.

Ce dernier partira du rond-point des Chavannes, contournera le faubourg éponyme par la gauche avant de rejoindre l’actuelle route de la Glâne, en contrebas de la caserne des pompiers. «Cette nouvelle route sera infrasol, construite plus bas que le niveau du terrain», a expliqué l’ingénieur cantonal André Magnin. Cela permettra de minimiser l’impact sur ce paysage inscrit à l’Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse (ISOS).

Les Chavannes fermés au transit

Le faubourg des Chavannes sera fermé à la circulation de transit, y compris en direction de Berlens. «La route de Berlens ne sera plus accessible qu’à la mobilité douce, grâce à une passerelle en bois couverte.» La route de la Glâne ne sera pas modifiée, mais verra sa circulation grimper de quelque 34%, selon les estimations actuelles. Une voie de circulation séparée pour les piétons et les vélos sera ajoutée, ainsi qu’une haie vive et des arbres, du côté de la ville.

Le second tronçon, dit sud, mènera du rond-point de la Parqueterie à l’usine Nespresso, et sera enterré sur 850 mètres, soit tout le long du secteur habité. Il passera sous la nouvelle ligne TPF et dans la nappe phréatique, ce qui ne pose pas de problèmes techniques, selon André Magnin. «La H189 passe aussi dans une nappe et même sous La Trême.» XS

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