Après l’imprimerie et l’espace, le Glânois Bastien Roubaty emmène les lecteurs dans le monde «merveilleux» du cirque. Legarçon-léopard, son troisième roman, raconte l’histoire d’un adolescent qui découvre cet univers façonné par des personnages hauts en couleur.

VALENTIN CASTELLA

LITTÉRATURE. Bastien Roubaty a grandi à Romont dans une famille qu’il qualifie de «tout à fait ordinaire». Comme le héros de son troisième roman Le garçon-léopard, publié à 500 exemplaires et disponible dans toutes les librairies depuis le 1er mars. Comme Bertil, le lauréat du Prix d’encouragement littéraire du canton 2019-2020 s’est développé grâce à l’apport de l’art. L’écriture pour le Glânois, le monde magique du cirque pour son nouveau protagoniste. C’est en effet dans cet univers inspirant que l’écrivain et enseignant de 29 ans emmène le lecteur (lire encadré).

Pourquoi avez-vous choisi le monde du cirque?

Jeune diplômé, mon grandpère avait hésité à postuler pour devenir comptable du Cirque Knie. En famille, on se plaît souvent à imaginer ce qu’aurait pu être notre vie s’il avait fait ce choix. Il s’agit du point de départ de l’histoire.

Quel rapport entretenez-vous avec le cirque?

Comme tout le monde, j’y suis allé petit, sans y être retourné depuis longtemps. Cet univers est toutefois très inspirant. Je n’ai d’ailleurs pas réalisé de recherches particulières sur le sujet. J’ai préféré puiser dans mon imagination pour construire ma propre troupe.

Une femme à barbe, des jumelles siamoises, un fakir…
Cela ressemble fort à ces cirques des années 1900…

Oui, lorsqu’on présentait ces personnages comme des monstres. J’ai toujours appré- cié cette ambiance rétro. Elle était notamment déjà présente dans mon premier roman.

Justement, votre écriture a-t-elle évolué depuis 2016?

Je travaille toujours autant la langue en associant des idées absurdes. Cela fait partie de moi depuis toujours. Je possède des carnets garnis d’idées que j’espère placer un jour. Pour ce troisième roman, j’ai toutefois moins usé de jeux de mots. Car le monde du cirque est déjà assez coloré. Il se suffit à lui-même. J’ai préféré développer davantage les personnages.

Les femmes de caractère occupent d’ailleurs une place prépondérante. Est-ce important de délivrer certains messages?

Un écrivain en transmet forcément. J’avais envie d’accorder un rôle important à ces personnalités. J’évoque également la violence faite aux femmes, en décrivant ce qu’observe et découvre Bertil.

Dans quelles conditions avezvous écrit ce roman?

A la suite de mes études, j’ai bénéficié de huit mois de pause entre Noël et septembre 2020. C’est justement durant cette période que j’ai reçu le Prix d’encouragement littéraire du canton. Cet argent m’a permis d’arrêter mes jobs d’étudiant et de me concentrer sur mon roman, écrit en grande partie durant le semi-confinement. C’est d’ailleurs à ce moment que j’ai remarqué que j’avais besoin de sortir, de voir du monde ou d’aller à la bibliothèque pour alimenter mon imagination. C’est à l’extérieur que les idées naissent.

Après le succès de vos deux précédents romans, pourquoi n’avez-vous pas tenté l’expérience avec une maison d’édition avec laquelle vous auriez peut-être bénéficié d’une visibilité plus importante?

Lorsque j’ai reçu le Prix littéraire du canton, l’idée de poursuivre avec les Presses littéraires de Fribourg avait du sens. Et puis, je suis très attaché à la région et j’ai désormais la chance d’être intégré à son milieu culturel. Ici, tout le monde se connaît et cela m’a ouvert des portes.

Pour de futurs projets?

Oui. En collaboration avec la revue de relève littéraire L’Epître et cinq autres auteurs, j’écris une pièce de théâtre, prévue en 2023. Je prends également part à des ateliers d’écriture avec des élèves dans toute la Suisse romande.

Un quatrième roman est-il déjà prévu?

J’y pense, oui. Etant passionné de jeu de rôle, cela m’intéresserait beaucoup d’aller sur le terrain du fantastique. Je pense qu’il est possible d’allier littérature et fantastique, sans que cela ne soit réservé qu’aux adolescents et aux geeks. ■

Bastien Roubaty, Legarçonléopard, Presses littéraires de Fribourg, 184 pages

S’échapper du rationnel

Une femme à barbe, des jumelles siamoises, une contorsionniste, un géant, un fakir ou un magicien. Tels sont les personnages «merveilleux» que rencontre le héros du nouveau roman de Bastien Roubaty, intitulé Legarçon-léopard. Le Glânois emmène Bertil dans un cirque le temps d’un été. Durant ses vacances, cet adolescent qui a grandi au sein d’une famille «désespérément rationnelle» découvre un univers artistique inconnu jusque-là. Avec sa petite sœur, il intègre la troupe en suivant son père, engagé comme comptable. Ensemble, ils vont vivre de nombreuses aventures.

Difficulté d’adaptation, mépris de la bonne société envers les gens du cirque, premières amours, puis retour à la réalité, Bertil absorbe nombre d’émotions qui vont, au final, lui permettre de devenir un homme. Dans un style alliant poésie et humour, Bastien Roubaty intègre également une réalité socioéconomique sans concession et des thèmes de société qui lui sont chers, comme la violence faite aux femmes ou l’importance de l’art. VAC

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L’univers inspirant du cirque comme nouveau terrain de jeu

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