Une poignée de jeunes de 15 à 25 ans créent une nouvelle société de jeunesse pour les communes de Rue, Ecublens et Auboranges. La nouvelle génération souhaite retisser du lien social entre les villages.

ÉLODIE FESSLER

Une nouvelle société de jeunesse est en train de voir le jour dans le sud de la Glâne. Elle accueillera les habitants de Rue, Promasens, Blessens, Ecublens et Auboranges. A l’origine du projet, Gaétan Mouron, ancien membre de la Société de jeunesse de Promasens.

Cette dernière n’est plus active depuis plusieurs années, indique le jeune homme de 24 ans, également conseiller général à Rue. Elle regroupait principalement des membres domiciliés à Promasens, Ecublens et Auboranges. «Je trouvais dommage qu’il n’y ait plus rien, explique-t-il. Je me suis donné l’objectif de changer cela.»

Gaétan Mouron fait part de sa réflexion à son ami Loïs Dähler, président de la Jeunesse de Promasens. Cet habitant d’Auboranges avait repris en 2019 la société en question, alors qu’elle ne comptait plus qu’une poignée de membres. Le manque de relève et d’engouement, ainsi que le nombre de démissions avaient gelé les activités au fil des années.

Parmi les explications, Loïs Dähler relève un changement de mode de vie inévitable et une individualisation toujours plus marquée. «A l’époque, les moyens de communication et de transports étaient moins fournis. Le monde prend une tournure différente. C’est normal, mais dommage.»

Gaétan Mouron est du même avis: «Rejoindre une jeunesse s’inscrit moins dans les mentalités. Avant, c’était un choix logique pour rencontrer des amis.» Ils relèvent aussi le fait que certains villages soient devenus des cités-dortoirs, beaucoup de gens travaillant sur l’Arc lémanique.

Partage d’expérience

Le duo apprend, grâce à la commune, qu’un groupe d’amis de 15-16 ans souhaite aussi relancer la jeunesse. «On les a rencontrés en novembre dernier, pour écouter leurs attentes. Cela nous a donné un bon coup de boost!» relate Gaétan Mouron. La première séance a lieu en décembre et, depuis, l’équipe composée de sept personnes se réunit chaque mois.

Les plus «vieux» encadrent les novices dans une joyeuse ambiance. Ils les épauleront jusqu’à leur majorité, puis les laisseront gérer comme des grands. «On leur donne des filons, on construit vraiment ensemble. C’est un chouette partage», explique Gaétan Mouron, président de la nouvelle entité.

Son coprésident Lilian Bresolin, de huit ans son cadet, est ravi de la collaboration. «Dans le coin, il n’y a pas grand-chose pour nous. On s’est dit que ça serait bien de se rassembler plutôt que de rester devant notre console vidéo! On s’est rendu compte qu’on ne connaissait pas forcément les gens de notre âge. On veut vraiment resserrer les liens entre les jeunes des environs.»

Morgane Crausaz, 15 ans, acquiesce. «Le but est de se réunir autour d’activités et de sorties, mais pas que! On veut aussi organiser des choses pour les gens des villages. Un loto, par exemple. C’est important de s’ouvrir à la société.»

Nouveau départ

Car les jeunesses, c’est une histoire de premières expériences et de solidarité. Loïs Dähler s’en souvient bien. «J’ai adoré ces années. J’étais d’ailleurs frustré de ne pas pouvoir transmettre ça aux suivants. Maintenant, ça va changer, je suis très content.»

La nouvelle entité a repris et modifié les statuts de la Jeunesse de Promasens dans les règles de l’art. Cette dernière n’ayant pas été dissoute, ses actifs financiers vont pouvoir être repris par la nouvelle équipe. In fine, ceux de la Société de jeunesse de Rue pourraient aussi être intégrés. Cette dernière est à l’arrêt depuis 2017 par manque de relève. Son président Thierry Perriard est ravi: «C’est que du bonheur! Les personnes âgées attendent aussi que des événements se remettent en place.» Les deux présidents prendront le temps de réfléchir à un arrangement.

La nouvelle jeunesse a déjà eu quelques retours de jeunes intéressés à rejoindre l’aventure. Des flyers ont été envoyés dans les communes concernées et une première réunion sera organisée à miavril.

Afin de repartir sur de nouvelles bases et d’accueillir les habitants de plusieurs villages, le groupe a opté pour un nouveau nom: la Jeunesse du Sud. La mascotte qu’ils ont choisie est d’ailleurs un élan. Un clin d’œil pour ce nouveau départ? Loïs Dähler a bon espoir: «Cela va être plus fort, plus grand. L’équipe est plus que motivée. On y croit!» ■

Projet salué par les syndics

Les autorités communales concernées par la nouvelle société de jeunesse sont unanimes: quelle bonne nouvelle pour la vie locale! Colette Pasche, syndique d’Ecublens, est «ravie que quelque chose se remette en place». Christophe Jaccoud également: «Ma réaction est très positive, en tant que syndic d’Auboranges, mais également en tant qu’ancien président du Giron des jeunesses glânoises organisé en 1987 à Promasens!» Il poursuit: «C’est important de faire ses propres expériences avec des personnes du même âge. Que des jeunes se remobilisent, c’est le paradis!» Il relève aussi la difficulté de maintenir la vie locale avec le développement d’une population de plus en plus citadine.

Le nom de la nouvelle entité semble aussi faire écho au projet de fusion Glâne Sud. «Ils ont tout compris, on n’y est pour rien», sourit-il. Syndic de Rue, Joseph Aeby, ne cache pas son enthousiasme. «Le Conseil communal soutiendra cette nouvelle société dans toute la mesure possible.» La Jeunesse du Sud est encore à la recherche d’un local pour se réunir. Joseph Aeby a déjà réfléchi à une solution: la salle du Trieur, déjà partagée par plusieurs sociétés locales. EF

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