L’entreprise Epredia, plus connue sous le nom d’Erie-Electroverre, a annoncé au printemps 2021 son départ de Romont. Que faire désormais de ce site industriel? Avant de trouver un acheteur, un assainissement des sols devra être entrepris.

VALENTIN CASTELLA

ROMONT. Deuxième atelier dédié à l’élaboration du Plan directeur régional. A Villaz-Saint-Pierre, les représentants politiques, économiques et culturels de la Glâne discutent de l’avenir du district. A plusieurs reprises, le site de l’ancienne entreprise Epredia, plus connue sous le nom d’Erie-Electroverre, est cité. Certains imaginent le transformer en une zone de rencontre, d’autres proposent d’y construire des locaux ou même une scène susceptible d’accueillir les groupes de musiques locaux.

Si l’endroit est aujourd’hui occupé par seulement deux collaborateurs chargés de régler les dernières tâches administratives et que le démantèlement de l’usine s’est terminé en novembre, il occupe encore une place prépondérante dans la région. Logique, dès lors que son avenir suscite nombre de questionnements.

La société Epredia a officialisé l’annonce de son départ et le licenciement de 67 collaborateurs en avril 2021. Depuis, la crainte des politiciens glânois est de se retrouver avec un site laissé à l’abandon. Car, même si la zone était qualifiée «d’attractive» par le Conseil d’Etat, sa réanimation s’annonce des plus complexes. En cause: un taux d’arsenic représentant un risque possible ou avéré pour la santé détecté en 2014 aux alentours de l’usine et une ancienne décharge contenant des déchets de verre, de dolomie et de briques réfractaires enrichis en arsenic.

Chef du secteur des sites pollués du Service de l’environnement (SEn), Romano Dalla Piazza décrit les lieux: «De 1935 à 2021, la verrerie a utilisé de l’arsenic en faible quantité pour la production de verres spéciaux. Avec le temps, de faibles quantités d’arsenic se sont accumulées dans les sols à l’ouest et à proximité de l’usine.» Il rassure toutefois: «Les surfaces concernées ont été mises en jachère depuis de nombreuses années, afin d’éviter toute mise en danger du bétail. Il a été démontré que la pollution des surfaces agricoles ne présente pas de danger pour les eaux.»

Connue depuis longtemps, cette situation n’en reste pas moins un obstacle pour le propriétaire en ce qui concerne la vente du site. Celle-ci peut en effet uniquement être envisagée si le canton dispose de la garantie du financement des mesures d’assainissements de la part des propriétaires. Romano Dalla Piazza complète: «L’objectif de l’assainissement n’est pas de dépolluer totalement les sites, mais d’assurer que l’environnement ne soit plus perturbé.» Des déchets subsisteront donc.

Deux dossiers distincts

En avril dernier, «aucun plan» n’était encore établi selon Pierre Hemeryck, directeur du site à ce moment-là. Qu’en estil aujourd’hui? Selon Romano Dalla Piazza, deux procédures distinctes ont été lancées. L’une concerne les environs du site de production, l’autre l’ancienne décharge.

A propos des environs, concernés par la pollution de surface, Katia Collet, responsable des finances du site Epredia à Romont, informe qu’un «assainissement de surface des terrains agricoles est prévu». Le nettoyage des sols devrait être entrepris avant la fin de l’année, indique le SEn.

Environ six semaines de travaux seront nécessaires. «Les sols présentant une mise en danger pour le bétail seront retirés, reprend Romano Dalla Piazza. Des sols sains seront remis en place et les surfaces pourront ainsi être rendues pleinement à l’agriculture pour la fauche et comme pâture.» L’Abbaye de la Fille-Dieu pourra ainsi utiliser librement les surfaces polluées attenantes à l’usine, d’une surface d’environ 4200 m2.

Même si de nombreuses études relatives à l’assainissement ont été lancées, le volet qui comprend l’ancienne décharge n’est, lui, pas encore terminé. Car celui-ci est bien plus complexe que le premier. En effet, plusieurs propriétaires (Epredia, Groupe E et un privé) sont concernés. «Tous les acteurs sont déterminés à ce que les choses avancent, assure Katia Collet. Mais il est important, en préambule, de déterminer les responsabilités de chacun et de trouver une solution efficace sur le long terme.»

«Pas se défiler»

Elle poursuit: «Epredia ne va pas se défiler. Le groupe respectera les exigences du canton dans la limite de sa part de responsabilité.» Pour l’heure, la manière dont sera effectué l’assainissement n’est pas connue. «Les conclusions d’une étude complémentaire, attendues ces prochaines semaines, nous fourniront davantage de détails.» Une chose est certaine: une intervention est nécessaire. Le SEn l’assure: «La décharge présente un risque pour les eaux souterraines et la Glâne. C’est la raison pour laquelle il faut intervenir.»

Des acheteurs intéressés

Si le dossier avance, de nombreux points d’interrogation subsistent en ce qui concerne l’avenir du site, qui sera vendu par Epredia. Ces derniers mois, une dizaine de potentiels acheteurs se sont manifestés, informe la société. D’autres se sont montrés intéressés à louer des locaux. Une dernière option que le groupe japonais a écartée.

«Actuellement, les transactions n’ont pas été plus loin que la prise de contact, explique Katia Collet. Nous pourrons peut-être envisager une vente durant la deuxième partie de cette année.» Le Service de l’environnement indique toutefois que, même si «la collaboration est très constructive», aucune autorisation n’a été délivrée. ■

Irréaliste pour la commune

La ville de Romont fait-elle partie des quelques acheteurs potentiels du site d’Epredia? «Que Romont dépose une offre n’est pas réaliste», rétorque Jean-Claude Cornu. Et le syndic d’ajouter: «Il est évident que n’importe quelle commune aimerait acquérir un site d’une surface de 30 000 m2 situé en zone d’activité. Mais il ne faut pas se faire d’illusion. Même si un achat a déjà été évoqué, il faut bien se rendre compte qu’une collectivité publique possède une résistance limitée aux risques. Il lui est ainsi impossible d’acheter un terrain de cette valeur sur lequel plane un risque de pollution des sols. La ville ne peut pas se permettre de prendre un tel risque.»

Reste à Romont le devoir d’assurer le bon suivi du dossier. «La commune est en contact régulier avec la direction. Les membres du Conseil communal ont été rassurés en recevant la garantie que les mesures nécessaires seraient assumées par Epredia.» VAC

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Un assainissement prévu avant la vente du site

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