Vendredi et samedi, 4000 personnes sont attendues à Bulle pour prendre part à deux soirées.

A la Woodball Arena, située à la scierie Despond, les participants pourront fêter debout et sans masque après avoir présenté un certificat Covid. Une première dans le canton.

Mises sur pied par les propriétaires de Globull, qui ont créé un centre de dépistage pour l’occasion, ces deux soirées font figure de test pour les autorités.

VALENTIN CASTELLA

FÊTE. Imaginer 2000 personnes regroupées en un seul endroit, sans masque, dansant et buvant en toute liberté relève aujourd’hui quasiment de l’utopie. C’est pourtant ce que proposera vendredi et samedi la société spécialisée dans l’événementiel Citron Caviar, créée par les propriétaires de Globull. En effet, deux soirées pouvant accueillir à chaque fois 2000 participants sont prévues à la Woodball Arena, installée sur le site de la scierie Despond. Une première dans le canton depuis le début de la crise sanitaire. Peut-être même une première en Suisse romande.

Organiser un événement de cette ampleur fait figure de pari fou en cette période de distanciation sociale et de restrictions. Il a pourtant été relevé, au prix de nombreux efforts et d’initiatives. Afin de satisfaire à la nouvelle règle fédérale qui autorise les manifestations en extérieur aux personnes bénéficiant d’un certificat Covid, les organisateurs ont en effet mis sur pied un centre de dépistage géant dans les murs de Globull (lireci-dessous). Les jeunes souhaitant participer à l’événement peuvent ainsi rapidement bénéficier d’un test homologué.

Ils ont également présenté un plan de protection et obtenu l’aval du canton, de la préfecture, de la commune, de la police, des pompiers et des Ambulances du Sud fribourgeois. Le tout en seulement quelques jours. Un sprint agrémenté d’embûches, car la Woodball Arena accueillera en outre vendredi matin la cérémonie de clôture du CO de la Gruyère et les spectateurs de la finale de l’Euro dimanche. Une vingtaine de personnes seront ainsi à pied d’œuvre dès ce matin pour démonter une partie des tables et installer notamment la sonorisation ainsi que les lumières avant la cérémonie scolaire.

L’espace retrouvera ensuite sa structure habituelle le dimanche pour accueillir les fans de football. Et tout sera démonté dès lundi. «En décembre, lorsque nous avons présenté le projet de la Woodball Arena, ces deux soirées figuraient au programme, explique l’un des organisateurs, Gilles Ancion. L’objectif était de rentabiliser notre investissement de 150 000 francs relatif aux infrastructures. Et puis, les restrictions se sont alourdies. Cet événement a pris du plomb dans l’aile, avant de resurgir dans nos esprits le 26 juin, lorsque les règles ont changé. Nous y avons cru à nouveau, et nous nous sommes lancés.»

«Intransigeants»

«Seules seront autorisées à entrer les personnes bénéficiant d’un certificat Covid, d’un test PCR négatif avec une validité de septante-deux heures ou d’un test rapide homologué de quarante-huit heures», précise Gilles Ancion. Avant d’entrer, chacun devra présenter un QR code validant son état de santé et une carte d’identité. «Nous serons intransigeants, martèle Gilles Ancion. Personne n’entrera sans documents.»

Afin d’éviter les files d’attente en début de soirée, dix entrées différentes sont prévues. «Des personnes chargées de la sécurité vérifieront également que chacun porte un masque à l’extérieur de l’infrastructure avant d’y pénétrer.»

Un succès attendu

Une fois passé toutes ces étapes, les participants pourront enfin revivre, et pour la première fois, comme au temps d’avant. «Après les diffusions de certains matches de l’Euro, dès que nous augmentons un peu le son de la musique, nous ressentons bien l’envie des gens de retrouver des moments de convivialité, observe Gilles Ancion. Je pense que beaucoup auront à cœur de faire à nouveau la fête sans restriction. Le succès devrait être au rendezvous. Nous l’espérons en tout cas.»

Une réussite qui récompenserait le risque pris par les initiateurs, qui ont investi 80 000 francs pour l’organisation de ces deux soirées. «Elles ne sont pas seulement prévues pour rentabiliser notre investissement, note, de son côté, Remi Castella. Nous voulons aussi offrir à la jeunesse l’occasion de s’amuser à nouveau. Cela fait bien trop longtemps que ça n’a plus été le cas.»

«De la pression»

Une noble intention qui n’est toutefois pas sans risque. Les organisateurs et les autorités en sont d’ailleurs bien conscients: ce rendez-vous fait office d’examen. «De nombreux jeunes seront regroupés au même endroit, réagit le préfet Patrice Borcard. Des participants qui ne sont, pour la plupart, pas vaccinés. Nous pouvons ainsi tester les règles que requerra le monde de demain. Il sera intéressant d’observer si les structures mises en place fonctionnent et de voir quels problèmes surgissent.»

Le préfet le confirme: en cas de réussite, il pourrait être possible de rééditer l’expérience. Au contraire, si de nombreuses personnes venaient à contracter le virus après leur visite à la Woodball Arena, l’exercice serait encore plus périlleux à mettre sur pied à l’avenir. «Bien sûr que nous ressentons une certaine pression, car nous sommes les premiers à tenter le coup», admet Remi Castella.

Son collègue Gilles Ancion conclut: «Nous ne pouvons exclure une notion de risque. Mais il est très limité, car nous avons tout mis en œuvre pour respecter les règles. Notre concept tient la route. Si ce n’était pas le cas, le canton ne nous aurait pas donné d’autorisation.» ■

Bulle, Woodball Arena, vendredi 9 et samedi 10 juillet, de 18 h à 2 h

Un centre de dépistage à Globull

Comment convaincre plusieurs centaines de jeunes ne bénéficiant pas de certificat Covid de se soustraire à un test afin de pouvoir les accueillir? En créant un centre de dépistage, tout simplement. Les organisateurs n’ont pas hésité à déployer les grands moyens pour s’assurer que les fêtards ne manquent pas les soirées de ce week-end. Dès aujourd’hui, et jusqu’à samedi 18 h 30, il est possible de passer un test homologué et remboursé par les assurances dans les murs de Globull. «Cet espace est susceptible d’assurer un millier de tests rapides par jour», annonce Gilles Ancion.

Afin d’accueillir les futurs clients en toute sécurité, un concept a été mis en place par les organisateurs, en collaboration avec le Centre médical La Tour, basé à La Tour-de-Trême. Afin d’encourager les jeunes à se faire tester, la société Citron Caviar a créé une plate-forme d’inscription. «Les gens peuvent choisir le créneau horaire qui leur convient et s’inscrire en moins de deux minutes au moyen de leur téléphone portable», continue Gilles Ancion. Une fois le test effectué, le futur participant recevra un QR code, qui lui permettra ensuite de participer à la fête. VAC

De l’électro et des copeaux

Afin de satisfaire le plus de monde possible, les organisateurs ont prévu deux soirées différentes vendredi et samedi, de 18 h à 2 h du matin. Le premier soir, des DJ reconnus en Europe – le Français Feder et le Belge Henri PFR – et des DJ résidents de Globull se partageront la scène. «Même s’il s’agit d’artistes bien connus des spécialistes, leur musique reste accessible», détaille Remi Castella. Samedi, l’ambiance sera certainement plus champêtre avec l’organisation d’une soirée overkitch. «Nous attendons beaucoup de jeunes des villages, qui n’ont pas eu l’occasion de participer à la Rencontre des jeunesses. Nous espérons proposer une belle fête à copeaux», conclut Remi Castella. VAC

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