Après une longue absence, les troupes de théâtre amateur du sud du canton se remettent en mouvement.

En répétition ou sur les planches, la motivation des comédiens est plus que jamais présente.

Il s’agit aussi de renouer avec ses réflexes et de rapprivoiser son stress.

ÉLODIE FESSLER

SCÈNE. «On se réjouit de revivre ce plaisir d’être sur scène devant un public et de l’entendre rire.» La troupe des Perd-Vers, présidée par Amédéo Zanotta et basée à Attalens, est dans les starting-blocks. Après deux ans sans avoir foulé une scène, elle présente dès ce vendredi sa pièce Ils se sont aimés (lire ci-contre).

En 2020, les comédiens ont pu jouer trois représentations de Sans domicile fixe, avant d’être stoppés net par la pandémie. «Nous pensions reprendre quelques mois plus tard, mais cela s’est transformé en années!» explique Amédéo Zanotta. Finalement, ils ont opté pour un nouveau projet. «Certains membres n’étaient pas motivés à reprendre la pièce laissée à l’arrêt.»

Motivation intacte

Si une poignée de compagnies a pu se produire en automne 2021, le pic de contaminations de fin d‘année a gelé, une nouvelle fois, les activités. «Nous étions passés entre les gouttes, puis étions de nouveau à l’arrêt», note Jean-Bernard Tissot, président des Tréteaux de Chalamala. La troupe bulloise a, en effet, pu célébrer ses 75 ans en septembre dans la cour du château du chef-lieu, avec les Trois mousquetaires (La Gruyère du 7 septembre 2021).

Cette fois-ci semble être la bonne, d’autant plus après les annonces de la Confédération (voir pages 2-3). «Les répétitions avec les adultes ont repris la semaine passée, avec un projet prévu pour octobre. Celles des enfants suivront, ils devraient jouer en avril pour des scolaires.»

La troupe bulloise a planifié sa reprise en début d’année, voyant la situation sanitaire stagner. «Choisir une pièce, contacter les acteurs et un metteur en scène; cela prend du temps. Nous n’avons pas attendu les annonces fédérales.»

La Société de jeunesse du Pâquier, connue pour son théâtre, a, elle, été contrainte de reporter ses représentations prévues en janvier. «Cela s’est joué à quelques semaines, c’est dommage», regrette son président Simon Beaud. Elle ne présentera sa pièce qu’en octobre, en raison de la disponibilité de la salle communale. «Mais tout le monde est motivé, voire plus qu’avant!»

Retrouver ses réflexes

A Romont, le Théâtre des Rempart présentera à la mimars un spectacle en collaboration avec le Chœur Ladoré, qui fête ses dix ans. «Nous n’avons pas joué depuis 2019. Lors d’un récent filage, c’était touchant d’entendre les gens rire, observe son président Vincent Roubaty. Je dois, par contre, retrouver mes réflexes sur scène.»

Et qu’en est-il du moral des comédiens? «J’étais persuadé que la troupe allait éclater, car chacun avait pris d’autres habitudes lors de l’arrêt des répétitions. Etonnamment, les gens ont toujours l’envie! C’est peutêtre encore un peu tôt pour dire que tout va bien, mais j’ai bon espoir que ça reparte.»

Ancien président de l’Association fribourgeoise du théâtre amateur (AFTA), il porte un regard admiratif sur la place de la discipline dans le canton. «Je suis épaté, il n’y a pratiquement pas un village sans théâtre de jeunesse ou de troupe de longue haleine. Cela fonctionne. Le public répond présent autant à Equilibre que dans une salle communale.»

Davantage le trac

«Oui, nous pouvons parler d’une reprise optimiste pour le théâtre amateur. Cela repart à droite et à gauche du canton», affirme Jean-Fran- çois Richard, actuel président de l’AFTA et administrateur au Théâtre de la Cité, à Fribourg.

«Les gens ont vraiment besoin de participer à des activités humaines. Plus que de se rencontrer, il s’agit de créer quelque chose ensemble. Le théâtre, c’est des mots et l’on vit de mots. Il construit notre culture.» Ce dernier est en train d’appeler la trentaine de troupes affiliées à l’AFTA pour faire un point de situation. «Nous aurons une vue d’ensemble en mars.»

Sur scène actuellement, la Société de jeunesse de Villarimboud se dit ravie de renouer avec le public après deux ans d’absence. Il a fallu se replonger dans le texte, retrouver ses marques et même redistribuer certains rôles, des acteurs étant partis accomplir leur service militaire.

«Cela fait du bien de retrouver des sensations sur scène. Même si le premier soir, nous avons eu beaucoup plus le trac que d’habitude, relève son président Jérémy Curty. Un théâtre de jeunesse est un évènement intergénérationnel, ça fait plaisir de revoir les gens du village et de la région.»

Côté public, il observe aussi un changement. «Les spectateurs rient plus facilement que d’habitude.» Et la restriction 2G avec le port du masque, qui était encore en vigueur hier, n’a pas freiné le public. «Pour l’instant, on remarque une baisse de seulement 10% de la fréquentation. C’est extraordinaire!» ■

Le temps de l’amour et de la séparation

La troupe de théâtre des Perd-Vers, fondée en 1984 à Attalens, propose dès vendredi quinze représentations d’Ilssesontaimés, dans cinq localités romandes. Cette pièce écrite en 2011 par Muriel Robin et Pierre Palmade retrace l’histoire de Martin et Isabelle, qui décident de divorcer après six ans de mariage. Elle fait suite à Ilss’aiment(1996) et est suivie d’Ilssere-aiment(2012). Mais pas besoin d’avoir suivi l’histoire pour apprécier le spectacle, assure Amédéo Zanotta, président des Perd-Vers. Si la troupe annonce une pièce en plusieurs sketches empreinte de tendresse, de cynisme, de manipulation, d’émotion et d’ironie, elle promet de «laisser résonner en nous notre propre expérience du couple.»

Six comédiens amateurs interpréteront les protagonistes (enphoto), guidés par le metteur en scène Guy Delafontaine. La tournée débute ce vendredi et ce samedi à 20 h30, ainsi que dimanche à 17 h à l’Univers@alle de Châtel-St-Denis. Elle fera également une halte à l’Auberge de l’Ange d’Attalens, les 25 et 26 mars (20 h 30), ainsi que le 27 mars (17 h). Informations et réservations sur www.perd-vers-ch.EF

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