L’association GastroFribourg a tenu lundi son assemblée générale. L’occasion de revenir sur deux années éprouvantes en saluant le courage de chacun et en évoquant les prochaines difficultés pour la branche.

ÉLODIE FESSLER

RESTAURATION. «Car Jean, d’un cœur vaillant, l’a reconstruit, plus beau qu’avant.» Chanté par Fabien Crausaz, le Vieux Chalet faisait parfaitement écho à l’ambiance animant l’assemblée générale de Gastro-Fribourg, qui s’est tenue hier à la salle de la Tuffière, à Corpataux.

«GastroFribourg s’est engagée inlassablement pour assurer la survie de ses membres», a déclaré sa présidente Muriel Hauser devant les 280 personnes présentes, qui lui ont réservé une standing-ovation. Son combat a été long et semé d’embûches, mais ses victoires sont bien réelles.»

Après les tempêtes

Dans son rapport, la présidente a employé des mots tout droit sortis d’un bulletin météo désastreux pour évoquer les fermetures à répétition des établissements: «tornade», «cyclone», ou encore «ouragan». Elle a souligné l’esprit de solidarité de la branche durant ces 245 jours de fermeture. «Je ne peux qu’exprimer mon admiration pour votre comportement exemplaire et votre dignité.»

L’occasion, aussi, de saluer les différentes mesures économiques, «sans lesquelles il aurait été impossible de résister». Difficile actuellement de chiffrer les d’établissements ayant dû mettre la clé sous la porte. «Nous n’aurons pas de vue d’ensemble avant la fin de l’année.»

Augmenter ses prix

Une sortie de crise fragile qui rencontre déjà de nouvelles difficultés, telles que le remboursement des prêts Covid, et les nouvelles habitudes de la clientèle. «Notre avenir est incertain et il est difficile de se projeter sur le long terme, mais ça fait partie du propre de notre métier. On se doit d’être optimistes.»

Présent également, le président de GastroSuisse Casimir Platzer a pointé du doigt la hausse du prix des denrées alimentaires à cause de la guerre en Ukraine. «Je vous conseille de recalculer vos prix de vente car nos marges ne sont pas très grandes.»

Il en a profité pour promouvoir l’initiative populaire sur les dédommagements, lancée en mars. Elle demande que toute personne affectée de manière significative sur le plan économique par une mesure édictée lors d’une prochaine épidémie soit dédommagée financièrement.

A L’issue de l’assemblée, le Service de l’action sociale a présenté aux membres la plateforme «FRintégration». Elle met en relation les réfugiés autorisés à travailler avec les entreprises du canton. Actuellement, quelque 80 profils enregistrés recherchent une place dans l’hôtellerie-restauration.

«Toujours là»

Parmi les différents professionnels de la branche rencontrés ce jour, le ton se veut optimiste malgré les incertitudes. A l’image de Marie-Josée Buchs, à la tête du restaurant Les Remparts, à Gruyères. «Cela n’a pas été facile, mais nous nous sommes relevés. Depuis la fin des mesures, c’est bien reparti et pourvu que ça dure.» Quant à l’augmentation des prix, elle ne l’envisage pas pour le moment. «Mais on y sera peut-être obligés, car on ne sait pas vers quoi on va.»

Elu la même journée coprésident de la section Gruyère-Veveyse et succédant à Paolo Sciotto, Hervé Ruffieux estime que la plupart des restaurateurs gruériens recommencent gentiment à bien travailler. «Globalement, les gens sont revenus très rapidement dès que nous pouvions ouvrir. Je suis assez confiant pour le secteur», indique le gérant du Moderne, à Bulle. Toutefois, les affluences au service du midi ne sont pas les mêmes qu’avant. «Les gens ont pris de nouvelles habitudes. Chaque jour c’est un peu les montagnes russes et la gestion est parfois encore difficile.»

A Rue, Sébastien Suard indique que son restaurant de l’Hôtel de Ville se porte bien et la clientèle est là. «Sans les aides, on aurait survécu, mais ça aurait été difficile. Gastro-Fribourg a fait un travail remarquable.» Ce dernier voit le verre à moitié plein. «La crise nous nous a rendus plus attentifs sur certains aspects. Nous avons même gardé la distanciation entre les tables, car les clients appréciaient davantage d’intimité.»

Si les RHT ont bien fonctionné selon lui, Christophe Tinguely relève une incohérence par rapport à l’aide se basant sur le chiffre d’affaires d’une période donnée. «La période définie avait été catastrophique pour nous, comme nous sommes tributaires de la météo et des conditions d’enneigement, indique le patron du Gîte d’Allières. On a donc reçu des cacahuètes.» Ce dernier préfère toutefois se tourner vers l’avenir: «On est encore là et on continuera de tout faire pour rester. Par contre, il ne faudrait pas une nouvelle crise Covid cet automne.»■

Exclusion au comité cantonal

La présidente de Gastro Fribourg est par ailleurs revenue sur les tensions entre le bureau de l’association et le représentant de la section Broye-Glâne Bernard Charrière, révélées samedi dans La Liberté. On y apprenait que le bureau souhaitait voir démissionner le directeur de l’Hôtel Belle-Croix à Romont du comité cantonal. Parmi les raisons évoquées: absentéisme, déloyauté, manque d’engagement et de professionnalisme. Un échange houleux de courriers avait eu lieu entre les deux parties. Hier matin, les délégués se sont réunis avant la réunion générale pour prendre une décision. «Tout à l’heure, l’assemblée des délégués a prononcé l’exclusion de Bernard Charrière du comité cantonal par 72 voix et 1 abstention», a déclaré Muriel Hauser. Les motifs ayant conduit à cette décision sont les suivantes: «Méconnaissance des dossiers, absence de volonté de s’informer et atteintes à l’image de GastroFribourg, manque de collégialité, nombreuses absences et non-respect de la confidentialité.» Frédéric Guinnard a été élu provisoirement représentant du district de la Glâne au sein du comité cantonal, en complément à son engagement actuel en tant que représentant du district de la Broye. Au comité de la section en question de régler ce cas. Muriel Hauser indique que l’association «se réserve d’autres actions» par rapport à Bernard Charrière. EF

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«Cela n’a pas été facile, mais nous nous sommes relevés»

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