Alors que plusieurs communes ont soumis leurs citoyens à des restrictions d’eau, la commune de Bulle arrose ses espaces verts et ses terrains de sport.

Si elle interroge, cette situation s’explique par le fait que le chef-lieu, comme d’autres villages, ne souffre pas de pénurie.

Prise de température à Châtel-Saint-Denis, à Romont et au golf de la Gruyère à Pont-la-Ville.

MARIUS KAMM ET VALENTIN CASTELLA

CANICULE. Le 20 juin dernier, plusieurs communes gruériennes informaient leurs citoyens que des restrictions d’eau étaient nécessaires.

Depuis, la canicule a persisté, à tel point que des chalets d’alpage ont eu besoin d’un ravitaillement d’urgence en eau par hélicoptère (La Gruyère du 21 juillet et du 11 août). Autres victimes: les cours d’eau et rivières qui s’assèchent (La Gruyère du 9 août).

Pourtant, dans le même temps à Bulle, les terrains de sport de la zone de Bouleyres et les espaces verts bénéficient d’un arrosage régulier. Aucune restriction n’a été émise par le Conseil communal. Une situation qui étonne, voire indignent certains (lire en page 8).

Terrains de foot arrosés

Les terrains de football des clubs de Bulle et de La Tour/Le Pâquier sont en effet arrosés environ tous les deux jours par le Service des espaces verts de la ville. Une nécessité selon son chef Yvan Rochat: «Nous sommes en train de transformer les terrains en bio. Cela rentre dans le cahier des charges depuis l’obtention en juin dernier du label Villeverte.»

Auparavant, des produits de synthèse et engrais minéraux étaient utilisés pour traiter les terrains. A présent, il s’agit uniquement d’engrais naturels. «Passer complètement au bio nécessite entre trois à cinq ans de travail. Nous ne pouvons pas changer du jour au lendemain, reprend Yvan Rochat. Le sol et le gazon ne supporteraient pas et mourraient.» Contraints d’apporter de l’eau en suffisance, mais conscients que «la situation est délicate», les jardiniers bullois essaient de réaliser des économies en arrosant uniquement les matins et la nuit, afin d’éviter une évaporation trop importante. D’autres surfaces de jeu bénéficient d’un arrosage à la main. Quant au terrain de baseball et à l’espace destiné au football ouvert au public, ils attendront que la pluie revienne.

L’entretien des terrains synthétiques n’est pas du ressort de la commune. Mais Aziz Chhoudi, concierge du stade de Bouleyres assure qu’ils n’ont pas été mouillés cet été en raison de la canicule. «Si on commence à utiliser de l’eau à gauche et à droite, ça ne va plus le faire.»

L’arrosage automatique est en revanche de rigueur sur les courts de tennis. Le directeur du centre Jorge de Figueiredo explique que les jets sont toutefois moins utilisés qu’à l’accoutumée. «Nous n’arrosons pas lorsque les terrains ne sont pas fréquentés. Par contre, en fin de journée au plus fort de l’affluence, nous sommes obligés de mouiller les courts. Sinon, ils sont trop secs et deviennent dangereux.»

Arbres aux petits soins

Comme les terrains de sport, la ville de Bulle chouchoute ses espaces verts. «Si rien n’est entrepris, tout mourra et cela engendrera d’énormes pertes financières, continue Yvan Rochat. De plus, cela prendrait beaucoup de temps et d’eau pour tout replanter et tout faire repousser.»

Le chef de service ajoute que, depuis quatre ans, les arbres indigènes s’adaptant au dérèglement climatique sont préconisés. «Nous bénéficions aussi de sondes qui nous indiquent leurs besoins. Et, malheureusement, la situation est catastrophique cette année.»

Les explications du syndic

Le syndic de Bulle Jacques Morand dit comprendre que certains s’interrogent et que cela peut surprendre que des communes, parfois voisines, n’aient pas des mêmes règles en ce qui concerne l’utilisation de l’eau. Il en explique les raisons. «Comme 29 autres communes de la Gruyère, de la Glâne et de la Veveyse, Bulle est desservie par EauSud SA. Celle-ci gère d’importants captages, notamment à Charmey et à Grandvillard. Actuellement, la production est plus que suffisante. Des restrictions ne sont pas nécessaires.»

Des propos confirmés par Claude Thürler, directeur de Gruyère Energie SA et administrateur d’EauSud SA: «Le mois de juillet s’est avéré tendu. En août probablement en raison des vacances, la consommation est moins importante. La marge est ainsi plus grande.»

Promue Ville verte en juin dernier, Bulle ne devrait-elle toutefois pas montrer l’exemple? D’autant que le label préconise un arrosage en fonction des besoins et de manière à économiser l’eau. Jacques Morand rétorque: «Il faut bien comprendre que, géologiquement, l’eau coule de toute manière. Si nous ne l’utilisons pas, elle terminera dans le lac. Autant en faire profiter nos espaces verts et ne pas les laisser mourir.»

Une analyse que tempère Claude Thürler: «L’eau qui n’est pas utilisée est conservée dans les réservoirs. Ce n’est que lorsque les nappes atteignent leur cote maximale que l’eau s’écoule dans la nature de manière plus importante.»

Respecter les sources

Claude Thürler, qui a dirigé EauSud SA durant neuf ans, n’est pas choqué par l’arrosage des terrains de sport et des espaces verts. «La commune a investi, c’est normal. Par contre, l’eau n’est pas essentielle dans toutes les fontaines.» Il conclut: «J’aurais toutefois souhaité que toutes les communes adressent un message de sensibilisation à la population. Certaines l’ont fait et c’est très bien. Même si les réserves sont suffisantes, il faut les utiliser de manière rationnelle, afin de respecter les ressources sur le long terme.» ■

Le golf arrosé avec parcimonie

A l’instar des courts de tennis et des terrains de football, une surface dédiée au golf nécessite de l’arrosage. Or, à Pont-la-Ville, des restrictions concernant l’utilisation de l’eau ont été prononcées en juin. Le golf bénéficie-t-il d’une dérogation? La réponse est non, car «le site n’utilise pas le réseau de la commune en ce qui concerne l’arrosage», précise le conseiller communal Laurent Schafer, chargé notamment de l’eau. Il poursuit: «Depuis plusieurs années, le golf bénéficie d’un accord avec Groupe E pour utiliser l’eau du lac, grâce à un système de pompage.» La directrice Christine Lagarde complète: «Nous utilisons de l’eau non potable.»

A la tête du site depuis deux ans, elle dit être «très attentive à l’arrosage en cette période particulière». «Certaines zones, comme le green, sont privilégiées. Mais elles ne représentent que 2% ou 3% de la surface totale.» VAC

Le retour des vacances est craint

A Châtel-Saint-Denis, un flyer demandant aux habitants de «faire attention» a été envoyé le 14 juillet. «Il s’agissait de principes d’économie d’eau. Comme être consciencieux avec le lavage des voitures ou l’arrosage des pelouses, déclare le chef du service technique Fabien Pauli. Nous avons aussi fermé les fontaines publiques.»

Le terrain principal du stade de Lussy est toujours arrosé. Mais les terrains secondaires ne sont plus aspergés et affichent une mine jaunâtre. Malgré une consommation d’eau en nette baisse à la fin du mois de juillet, la situation reste compliquée. Jean-Marc Colliard, chef du service des eaux, attend avec appréhension la semaine prochaine. «Les gens vont rentrer de vacances et certains chantiers reprendront. La consommation sera donc plus importante. Nous serons certainement obligés d’échanger avec nos partenaires voisins.» Grâce à la collaboration entre la commune de Remaufens, le Service intercommunal de gestion (SIGE) et l’Association régionale Veveyse-Glâne-Gruyère (AVGG), le cheflieu espère surmonter cette période de canicule en attendant une baisse des températures et les précipitations d’automne.

Les Romontois sensibilisés

Comme Bulle, Romont est desservi par EauSud SA et ne connaît donc pas de pénurie. Aucune restriction n’a été prise. La commune arrose ainsi les terrains de football et les espaces verts. «Nous effectuons des mesures minimales», précise Damien Sudan, chef du service technique.

Ce dernier ajoute qu’une recommandation à faire attention au gaspillage d’eau a toutefois été émise sur le site internet de la commune à des fins de sensibilisation. VAC/MK

Réseaux

Actualités

Médias

Services

La Gruyère

Actualités

Médias

Services

La Gruyère

En cette période de sécheresse, l’arrosage public interpelle

Vous voulez en savoir plus ?

Les bonnes raisons de s'abonner

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles