Des dissensions à la Raiffeisen Moléson provoquent les départs du vice-directeur et du directeur en l’espace de deux semaines.

ÉCONOMIE. Vendredi, les 125 employés de la Raiffeisen Moléson ont été informés du départ du président de leur direction, Fran- çois Bosson (photo). Ce dernier, qui dirige la banque depuis la fusion des Raiffeisen Moléson, Vuadens/ Sâles/Saint-Martin et de la Glâne en 2015, a donné sa lettre de démission au conseil d’administration vendredi matin.

Contacté hier, François Bosson refuse de commenter sa décision. De son côté, Jean-Bruno Pugin, président du conseil d’administration, confirme cette démission, sans vouloir en expliquer les raisons, renvoyant à un communiqué «en préparation». Hier à l’heure de mettre sous presse, nous n’avions toutefois pas reçu de communiqué.

Problèmes de conduite

Pourtant, cette démission questionne. D’autant plus qu’elle intervient après le licenciement, il y a deux semaines, d’Eric Charrière, numéro deux de la banque. Au téléphone, celui qui travaillait depuis vingt-quatre ans pour la Raiffeisen confirme son départ, sans vouloir lui non plus en dire davantage.

Mais selon les informations glanées auprès d’employés de la Raiffeisen et de diverses personnalités proches du milieu bancaire ou en faisant partie, qui tous préfèrent ne pas être cités publiquement, des problèmes de management et de conduite expliquent en grande partie ces remous au sein de la direction.

Nous l’avions rapporté dans ces colonnes, François Bosson est partisan de «l’entreprise libérée» (La Gruyère du 6 septembre 2018). Dans ce même article, le professeur de leadership et écrivain Isaac Getz, qui avait donné sur ce thème une conférence pour les employés de la Raiffeisen Moléson, définissait cette forme de conduite comme «une organisation qui permet à ses salariés d’avoir la liberté et la responsabilité de mener l’action qu’eux-mêmes désignent comme étant la meilleure pour l’entreprise». Autrement dit, supprimer autant que faire se peut toute hiérarchie.

«Dissensions à l’interne»

Or, ce changement de culture d’entreprise est difficile à mettre en place, en particulier dans une banque, où les échelons hiérarchiques sont multiples. Un important changement qui suscite depuis plusieurs mois l’incompréhension de certains collaborateurs.

«La mise en œuvre de ce système a créé pas mal de dissensions à l’interne. Tout le monde n’est pas sur la même longueur d’onde. Certaines personnes préfèrent avoir une ligne, une structure, un cahier des charges. Pourquoi vouloir changer à tout prix ce qui fonctionne?» s’interroge un cadre de l’entreprise.

Car la Raiffeisen Moléson – la plus grande banque Raiffeisen du canton (en termes d’actifs sous gestion) et la deuxième plus grande de Suisse – peut en effet se prévaloir de résultats probants. Selon le rapport de gestion 2021, les dépôts de la clientèle et le volume hypothécaire ont tous deux progressé par rapport à 2020. Le bénéfice a atteint 4,03 millions, en hausse de 6,3% par rapport à l’exercice précédent. Et le bilan affichait, au 31 décembre 2021, un total de 3,72 milliards de francs. Les sociétaires étaient, eux, au nombre de 28 350.

Notons enfin qu’un troisième membre de la direction avait déjà quitté la Raiffeisen Moléson l’automne dernier. La direction actuelle ne compte dès lors plus que deux personnes: Laurent Maudry, responsable conseil clientèle individuelle, et Sébastien Perroud, responsable services.

FRANÇOIS PHARISA

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