Avec Vladivostok Circus, Elisa Shua Dusapin confirmait son talent délicat, son art de fouiller les relations humaines, les silences et les non-dits. A découvrir en feuilleton dès aujourd’hui.

NOUVEAU FEUILLETON. En trois romans, elle a imposé son univers. Un style, aussi, plein de tact et de simplicité qu’il ne faut pas confondre avec facilité. Elisa Shua Dusapin est l’une des plus éclatantes révélations de ces dernières années, dans les lettres romandes. La Gruyère publie dès aujourd’hui son troisième roman, Vladivostok Circus, paru en 2020.

Né en 1992 d’un père fran- çais et d’une mère sudcoréenne, Elisa Shua Dusapin a grandi entre Paris, Séoul et Porrentruy, où elle vit toujours. Son premier roman, Hiver à Sokcho, se déroule dans une ville portuaire sud-coréenne et retrace la rencontre entre une jeune Franco-Coréenne et un auteur de BD français. D’emblée, le livre séduit par sa force de suggestion, sa délicatesse, sa manière de suspendre le temps. Sept prix littéraires viennent le récompenser, dont un prestigieux National Book Award en 2021.

Son deuxième roman, Les billes du Pachinko, sort en 2018. A Tokyo, Claire rejoint ses grands-parents, qui ont fui la guerre en Corée, un demi-siècle plus tôt. Elle veut les convaincre de passer quelques jours dans leur pays d’origine. Là encore, le livre a reçu plusieurs récompenses, dont un Prix suisse de littérature en 2019.

Mélancolie et non-dits

Vladivostok Circus emmène une nouvelle fois le lecteur dans une contrée lointaine. Comme l’indique son titre, le roman se déroule à Vladivostok, ville terminus du Transsibérien. Le bout du monde, donc. Dans un cirque déserté (c’est l’entre-saison), un trio s’entraîne à la barre russe. Nathalie, la narratrice, est engagée comme costumière et va participer à l’élaboration du numéro, que les acrobates espèrent présenter à un concours international.

Sur cette idée de base originale, Elisa Shua Dusapin construit un roman d’atmosphère, gorgé de mélancolie et de la nostalgie qui peut émaner d’un cirque abandonné. Avec un tact admirable, elle fouille les relations entre les personnages, les non-dits, les tensions, les incompréhensions…

Dans une langue toujours aussi limpide et élégante, le livre s’appuie sur des images et des symboles qui lui permettent d’aborder des thèmes essentiels à partir d’éléments du quotidien. Et de dépasser largement le cercle restreint du cirque à Vladivostok. EB

Elisa Shua Dusapin, Vladivostok Circus, Editions Zoé, 176 pages Début du feuilleton en page 17

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L’art de la délicatesse dans un cirque déserté

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