Le projet de l’implantation de Rolex à Bulle peut aller de l’avant. Le Conseil général a accepté lundi la vente du terrain au géant mondial de l’horlogerie de luxe. Il a aussi validé les budgets 2023 du chef-lieu gruérien.

PHILIPPE HUWILER

LÉGISLATIF. Le plat de résistance de la séance du Conseil général de la ville de Bulle lundi a été digéré en une vingtaine de minutes. La plupart des groupes étaient en effet largement acquis à la cession du terrain de 104 000 m2 à la Prila à la société Rolex, pour un montant de 31,4 millions de francs. Au final, le Législatif a accepté cette vente par 43 voix contre 5, celles des Vert·e·s.

«Noël approche et c’est un beau cadeau qui nous est fait», s’est réjoui d’emblée le syndic Jacques Morand. Et Yves Bosson (plr), président de la commission financière de renchérir. «Nous ne pouvons que nous réjouir de cette implantation pour Bulle, la Gruyère et le canton de Fribourg.»

Si tout s’est joué très vite depuis novembre, une telle implantation a nécessité vingt ans de travail. «Saluons au passage l’esprit visionnaire de nos prédécesseurs du début des années 2000, qui ont œuvré avec opiniâtreté à l’achat de ces terrains», n’a pas manqué de relever le libéral-radical Philippe Dupasquier.

L’implantation de Rolex devrait s’accompagner de la création de 2000 emplois et de la formation de 500 apprentis, ce qui réjouit le Conseil général, à commencer par le socialiste Jonas Brunetti. «Ce grand afflux d’emplois va aussi tempérer la crainte de certaines concitoyennes et certains concitoyens de voir Bulle se transformer en cité-dortoir.»

Opposition des Vert·e·s

Face à ce concert de louanges, les Vert·e·s ont fait entendre une voix dissonante. «En acceptant une telle implantation sur notre territoire, nous cautionnons l’utilisation de notre précieux espace, de notre précieuse énergie renouvelable, de la précieuse force ouvrière de nos concitoyens pour un bien qui certes rapporte beaucoup, mais qui malgré tout n’est pas essentiel», a expliqué Léo Jacquat.

Les Vert·e·s craignent également une dépendance de la région vis-à-vis de cette entreprise. «Le projet annonce un chiffre de 2000 emplois supplémentaires ce qui représente 6% à 8% des habitants de notre commune. Dès le moment où Rolex freinera, c’est toute la Gruyère qui en pâtira. La crise environnementale étant amenée à s’intensifier, ce cadeau risque fortement de devenir empoisonné.»

Les Vert·e·s auraient souhaité l’implantation de plus petites entreprises. Car plusieurs PME locales cherchent à s’installer ou à se développer dans la région. C’est pourquoi le Conseil général devait aussi se prononcer sur un crédit de 8,1 millions de francs pour l’acquisition d’un terrain de 42 000 m2, dans la zone de Planchy-Sud.

Une proposition qu’a saluée notamment le socialiste Jonas Brunetti: «Cela montre la préoccupation de notre Exécutif envers les entreprises déjà établies sur le sol communal avec l’agrandissement de nos zones industrielles.»

Un avis partagé par Maxime Pasquier (centre-pvl), qui ajoute: «Cette acquisition permettra de répondre à cette demande de terrain de la part des PME régionales, pour leur implantation ou leur développement. La mise en zone doit maintenant être réalisée avec célérité.»

A l’heure du vote, le Conseil général a validé l’achat de ce terrain à Planchy-Sud par 44 voix et 4 abstentions. ■

Calendrier confirmé par Rolex

Le groupe horloger «se réjouit de la validation par le Conseil général de Bulle de la vente des deux parcelles dans la zone industrielle de la Prila», a-t-il communiqué hier. «Cette confirmation de vente représente une première étape importante pour envisager le projet de construction d’un nouveau site de production afin d’accompagner la croissance de la marque et bénéficier d’un nouveau bassin d’emploi.»

Rolex confirme par ailleurs que son nouveau site devrait être opérationnel courant 2029 et que celui-ci pourrait bénéficier, à terme,
«de plus de 2000 collaborateurs ainsi que de plusieurs centaines d’apprentis». La firme ne manque toutefois pas de préciser: «Si tout se déroule comme prévu.» Quant aux bâtiments qui seront construits à la Prila, ils «répondront aux meilleures exigences environnementales et s’intégreront parfaitement dans la région».

La prochaine étape sera la signature du contrat de vente à terme et Rolex précise que les informations relatives au projet, c’est-à-dire la construction, les activités du site, ainsi que toutes les démarches relatives au développement de l’emploi, «feront l’objet d’une communication ultérieure». ACN

Commission financière ignorée

BUDGETS. Il n’y avait pas que les montres de luxe au programme du Conseil général de Bulle lundi soir. Comme chaque année à pareille époque, le Législatif se pronon- çait sur les budgets (lire La Gruyère du 3 décembre). Le Conseil général a adopté à l’unanimité le budget 2023 de fonctionnement, déficitaire de 3,5 millions de francs, pour un total de revenus de près de 136 millions.

En revanche, si tous les investissements ont passé la rampe du Législatif, certains ont été très discutés. Et, par deux fois, la commission financière a été désavouée.

Un véhicule électrique trop cher

Un crédit de 430 000 francs était demandé pour l’achat de trois véhicules pour le Service du centre d’entretien. Le conseiller communal Nicolas Pasquier a vanté les mérites des acquisitions proposées, des modèles entièrement électriques. «Ces véhicules sont plus efficaces en matière de consommation énergétique.»

C’est surtout l’un des véhicules, celui multifonctions avec lame à neige et saleuse, qui a fait grincer des dents, notamment les membres de la commission financière qui ont préavisé négativement cet achat. «Les diverses justifications ne nous ont pas convaincus. Ce véhicule électrique de 322 000 francs est 120 000 francs plus onéreux que le même en mode thermique.» A l’heure du vote, le crédit a finalement été accepté de justesse par 24 voix contre 21 et 3 abstentions.

L’autre objet qui a reçu un préavis négatif de la commission financière est le crédit de 490 000 francs pour l’extension des zones à vitesse modérée. Ce projet concerne plus d’une vingtaine de quartiers, rues ou tronçons de route dans la commune. «Si le but est de tenir la dragée haute à Fribourg, on est bien parti», a ironisé Frédéric Hank (centre) Et Sébastien Bossel (udc) d’ajouter: «Nous ne pouvons pas cautionner l’extension de zones modérées qui posent d’avantage de problèmes qu’elles n’amènent de solutions.»

Malgré ces critiques, le Conseil général a finalement validé ce crédit par 26 voix contre 21 et une abstention.

Notons encore que le Législatif a accepté d’octroyer un prêt, sans intérêt, de 2,5 millions de francs en faveur de la Fondation du Foyer gruérien. Il permettra de financer les travaux de rénovation inhérents à l’agrandissement du bâtiment sis à la rue du Moléson. PH

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