Une épicerie self-service ouverte tous les jours, 24 heures sur 24, a été installée à Botterens. L’idée est de valoriser les produits régionaux et de proposer un point de vente pour la rive droite.

ÉLODIE FESSLER

BOTTERENS. Depuis une semaine, une épicerie peu commune a vu le jour à Botterens. Personne n’occupe les lieux: au client de scanner ses articles et de les payer. Le commerce, ouvert non-stop, se trouve dans les locaux de Gruyère Escape.

Cette société, créée en 2018 par Jonathan Droux et Noémie Magne, propose des escape games sur réservation du jeudi au dimanche. Or, la pandémie mettant à l’arrêt leur projet, il a fallu se réinventer.

Les deux amis, épaulés par leurs conjoints respectifs, Laetitia Droux et Yannick Magne (absent de la photo), ont alors eu l’idée de proposer ce concept. «L’épicerie se trouve dans l’ancien accueil. On espère que cette symbiose marchera», raconte Jonathan Droux, qui est également directeur de Gruyère-Immo.

Le petit commerce dispose d’une caisse automatique similaire à celles des grandes surfaces. Ses fondateurs ont été aidés par le Self de Sâles, qui dispose du même système (lire ci-dessous). Tous les produits ont été répertoriés avec un code-barres. Une marche à suivre est mise à disposition des clients, qui peuvent payer par carte ou par Twint. «Seul hic: les enfants ne peuvent rien acheter seuls, relèvent-ils. Nous pourrions imaginer des cartes cadeaux.»

Aucun badge n’est nécessaire pour accéder au local, contrairement à d’autres magasins du genre. Des caméras de surveillance assurent la sécurité des lieux. «Nous comptons sur l’honnêteté des gens. Et puis, il n’y a pas d’argent à voler puisqu’ils ne payent pas par cash.»

Artisans en avant

En plus des indispensables, les Gruériens ont tenu à mettre en avant les produits de la région: œufs d’Estavannens, viande d’une boucherie touraine ou encore fromage de la rive droite.

«Le but est d’avoir des contacts avec les artisans, afin de proposer un maximum de produits locaux», souligne Noémie Magne. Jonathan Droux ajoute: «Notre volonté n’est pas de vendre en masse des pâtes Barilla, mais que les gens puissent avoir accès à toute heure à des produits de la région, sans se déplacer trop loin.»

L’occasion, aussi, de faire revenir un commerce au village. Car ces locaux étaient autrefois ceux de l’ancienne épicerie, disparue depuis plusieurs années faute de rentabilité. «Les gens du village ne manquent pas de le souligner! Ils sont contents qu’il y ait de nouveau quelque chose», sourit Jonathan Droux.

Le syndic de Botterens Dominique Macheret indique que la commune a accueilli favorablement le projet. «C’est une nouvelle offre qui complète celle de la boulangerie Rime et de la Ferme de la Fin du Chêne. On peut féliciter ces jeunes d’avoir trouvé cette solution.»

Noémie Magne indique qu’une feuille est mise à disposition des visiteurs pour écrire leurs souhaits de nouveaux produits. «L’idée, c’est vraiment que ce soit l’épicerie du village qui appartient à tout le monde.» ■

Un concept identique à Cerniat et à Sâles

Les épiceries en libre-service fleurissent dans le pays. En Gruyère, le Self de Sâles a vu le jour fin 2019 dans une aile de l’entreprise Diesel services. Sandrine Borel, employée de commerce de formation, souhaitait rassembler les produits régionaux qu’elle appréciait. Le succès est au rendez-vous, assure l’habitante de Progens. «La pandémie a clairement boosté l’attrait pour ce genre de commerce. Les gens ne souhaitaient plus se rendre dans les grandes surfaces. Aujourd’hui encore, il y a des clients réguliers.» Elle dénombre toutefois trois vols importants: «C’est inévitable.»

A Cerniat, le Val-Marché est doté depuis une semaine d’un système de self-scanning, avec un compte de fidélité enregistré. Un vendeur est présent chaque matin. En dehors des heures d’ouverture, les coopérateurs doivent présenter un badge pour entrer. Pour les autres, il suffit d’appeler via un interphone. Une personne leur ouvrira l’accès à distance. «Il y a des caméras et nous avons le moyen de bloquer la porte», souligne Guy Maradan, président de la coopérative Concordia et instigateur du projet. Le concept aurait dû être mis en place l’an passé (LaGruyère du 30 janvier 2021). Il explique ce retard par la complexité du programme à créer sur mesure. «Un tel système avec une gestion digitale d’accès aux locaux et de fidélisation de la clientèle est plus compliqué à mettre en place qu’une simple borne.»

Pour rappel, Concordia bénéficie pour ce projet d’un soutien de 57 000 francs à fonds perdu de l’Aide suisse à la montagne. «L’investissement pour l’ensemble de la technologie est d’environ
75 000 francs.» EF

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«L’épicerie appartient à tout le monde»

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