Sans forcément suivre le rythme des communes ni leurs limites, les paroisses fusionnent. De 144 il y a vingt ans, on est passé à 114. Ce sera même 106 en 2023, si les trois projets dans le Sud aboutissent, dont celui des paroisses de Haut-Intyamon qui vient d’être lancé.

XAVIER SCHALLER

PAROISSES. Lundi soir, les paroissiens de Montbovon ont accepté le principe d’une fusion avec les trois autres paroisses de la commune de Haut-Intyamon. Enfin, il serait plus juste de dire que les paroissiens présents à l’assemblée ont accepté. «Sur 136, un seul est venu, et c’était mon épouse», regrette Pierre Robadey, président de paroisse. Les huit autres participants étant conseillers, caissier, secrétaire ou vérificateurs des comptes. L’anecdote résume bien une des principales motivations des fusions. «Les gens ne s’intéressent plus et ne s’engagent plus pour la paroisse. Il est souvent très difficile de repourvoir les postes.»

Lessoc, Neirivue et Albeuve avaient déjà accepté de commencer l’étude pour une fusion, qui arrivera presque vingt ans après celle des communes. «Un premier rapprochement avait échoué juste après la création de Haut-Intyamon», explique Meinrad Beaud, président de la paroisse d’Albeuve. Relancée il y a deux ans, l’idée avait séduit, sauf chez lui. «Qu’est-ce qui a changé depuis? Le Covid est passé par là. Des gens qui pensaient se représenter en 2023 pour l’élection paroissiale ont changé d’avis.»

Or un minimum de cinq membres est exigé. Ancien syndic de Gruyères et ancien député, Christian Bussard siège maintenant au Conseil exécutif de la Corporation ecclésiastique catholique (CEC) du canton de Fribourg. Il est notamment chargé de la haute surveillance des paroisses francophones. «Nous pouvons tolérer qu’un Conseil fonctionne à effectif réduit pendant une certaine période.» Et de telles situations existent actuellement.

«Si aucune solution n’est trouvée, la paroisse peut être mise sous tutelle ou se voir désigner un mentor. De telles décisions n’ont, à ma connaissance, jamais été nécessaires, mais elles sont possibles.»

Tout mettre à plat

Pour mener à bien l’étude de fusion et rédiger une convention, des commissions, avec au minimum un représentant de chaque paroisse, mettront tout à plat: finances, biens curiaux et fonds spéciaux, impôts, administration, terrains, biens immobiliers… Ce dernier point comprendra un inventaire des églises et chapelles, avec état des lieux. Car même si certains lieux de culte sont peu utilisés et que leur entretien coûte cher, il est rare qu’ils soient désaffectés, avec une procédure de désacralisation, après une fusion. «C’est arrivé dans le canton de Neuchâtel, mais pas encore chez nous», constate Christian Bussard. Le sujet reste très émotionnel, tout comme celui du nom de la future paroisse. «Pour la fusion de Vuisternensdevant-Romont, La Joux et Sommentier, presque tout est réglé… sauf le nom» (lire ci-dessous).

Il faut aussi décider de la composition du nouveau Conseil paroissial, de la gestion des cimetières, de la fusion ou non des bénéfices curiaux, de l’avenir des céciliennes… Et évidemment, du taux d’imposition commun, sachant que Montbovon est tout en haut, Neirivue et Albeuve nettement plus bas. «Il arrive que des paroissiens demandent que leur fortune reste affectée à l’entretien des monuments de leur village, même après la fusion, indique Christian Bussard. Ou que les terres restent en location aux paysans du lieu. Tout cela peut être réglé dans la convention de fusion.»

Selon l’agenda prévu, les assemblées décideront à la fin du mois d’avril 2022 si le projet leur convient. Si les quatre disent oui, le texte sera approuvé par la CEC, puis signé par l’autorité diocésaine, avant qu’un décret épiscopal ne valide la fusion sur le plan canonique en décembre. De quoi être prêt pour les élections paroissiales de mars 2023, et commencer la période avec une nouvelle équipe et un nouveau fonctionnement. ■

Deux projets avancés dans la Glâne

Au sein du Conseil exécutif de la Corporation ecclésiastique catholique (CEC) du canton de Fribourg, Christian Bussard est responsable des affaires paroissiales francophones. Il suit actuellement trois processus de fusion. «Celui de Haut-Intyamon vient de démarrer et pourrait réunir 1050 paroissiens dès décembre 2022. Deux autres sont en préparation depuis une année en Glâne: Vuisternens-devant-Romont, La Joux et Sommentier (1750 paroissiens) et Le Châtelard, Grangettes et Massonnens (800 paroissiens).» Elles devraient aussi aboutir l’année prochaine.

Les exemples glânois montrent bien que les fusions de paroisses ne sont pas forcément liées aux fusions de communes. «Le plus important, c’est que la démarche vienne des paroisses concernées. Nous ne voulons pas de fusions imposées.» Même si la CEC les favorise, en prévoyant une aide financière de 6000 francs par paroisse, et que l’évêque les a aussi appelées de ses vœux.

D’autant qu’au niveau pastoral la concentration des forces est réalisée depuis un certain temps, avec la création des Unions pastorales (UP). En 2018, dans la Broye, toutes les paroisses d’une UP – 12 réparties sur six communes – avaient d’ailleurs fusionné pour créer la grande paroisse de Saint-Laurent Estavayer.

De 144 au début du siècle, on est passé à 114 actuellement. Ce sera 106 en 2023, si les trois projets engagés dans le Sud aboutissent. «En Sarine, Praroman et Bonnefontaine hésitent à s’engager, note Christian Bussard. Rien n’est décidé.» XS

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Les paroisses fusionnent à leur rythme et à leur façon

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