Après avoir fait évoluer le Centre de tennis durant trente-deux ans, les gérants Madeleine et Jorge de Figueiredo bénéficient de sang neuf, avec la venue de leur fille Claire Marty. Une transition en douceur se prépare.

VALENTIN CASTELLA

BULLE. En mars 1990, lorsque Madeleine et Jorge de Figueiredo ont repris les rênes du Centre de tennis de Bulle, Steffi Graf et Ivan Lendl dominaient le tennis mondial. A cette époque, Roger Federer n’avait que 9 ans et Daniil Medvedev, finaliste du dernier Open d’Australie, n’était pas encore né.

Trente-deux ans plus tard, les meilleurs joueurs de l’époque ont mis un terme à leur carrière depuis bien longtemps. A Bulle toutefois, rien n’a changé. Ou presque. Depuis le 1er janvier en effet, Claire Marty a rejoint Madeleine (67 ans) et Jorge de Figueiredo (61 ans), ses parents, au sein de l’équipe dirigeante en reprenant le poste de Madeleine, qui continuera à donner un coup de main.

«Changer de vie»

Après douze ans à officier dans le secteur bancaire, la mère de famille de Grolley (39 ans) a décidé de «changer de vie» en revenant là où tout avait commencé, où elle avait effectué ses premiers pas dans le monde professionnel durant ses études. Là où elle a passé une bonne partie de son enfance pendant que ses parents travaillaient. Désormais, elle est responsable du restaurant, son père de l’aspect sportif. «A moyen terme, il est prévu que Claire devienne la patronne», se projette Jorge de Figueiredo.

Il s’agit donc d’un passage de témoin en douceur permettant d’éviter un abrupt arrêt après tant d’années. «Bien sûr, de nombreux grands souvenirs me reviennent lorsque j’y repense, sourit Madeleine de Figueiredo. Mais ce que je retiendrai, ce sont les rencontres avec toutes sortes de gens. Ici, tout le monde se sent à l’aise. Et puis, j’ai toujours plaisir à croiser des parents, que j’ai connus petits, qui viennent à leur tour au tennis avec leurs enfants.»

La Bulloise pointe là l’une des spécificités du Centre de tennis: la fidélité. Claire Marty s’en est d’ailleurs amusée lors de ses débuts: «Je croise les mêmes personnes que lorsque je travaillais ici en tant qu’étudiante. J’ai donc été très bien accueillie.»

Le centre sportif attire ainsi de nombreux habitués, qui ont chacun leurs petites habitudes. «J’ai découvert qu’il était, par exemple, compliqué de modifier une carte, reprend Claire Marty. Car certains clients viennent ici pour manger tel plat et rien d’autre.» La nouvelle génération va ainsi imprimer sa patte au fur et à mesure, «dans la continuité». Aucune révolution n’est prévue. «Les activités du centre, ses infrastructures et le restaurant ont évolué au fur et à mesure des années, en s’adaptant au désir des clients», abonde Jorge de Figueiredo. On ne change pas une formule qui fonctionne. Claire Marty a toutefois soufflé l’idée à son papa de réfléchir à la mise en place d’un terrain de padel, l’activité à la mode actuellement. «Plusieurs constructeurs m’ont déjà contacté, répond-il. Aujourd’hui, rien n’est prévu. Mais le concept reste intéressant.»

Avant de s’élancer dans de nouveaux projets, le nouveau duo a une autre préoccupation: reconquérir les clients perdus ces deux dernières années en raison de la crise sanitaire. En effet, l’établissement a beaucoup souffert des fermetures et des restrictions.

«Un cadeau empoisonné»

Jorge de Figueiredo estime que la baisse de fréquentation se chiffre entre 30% et 40%. «Nous avons été contraints de fermer le centre pour la première fois en mars 2020, alors que nous comptions célébrer nos trente ans de présence à ce moment-là. Nous avons reçu un immense cadeau empoisonné. Et, aujourd’hui, les gens ont pris de nouvelles habitudes. C’est à nous de leur redonner envie de revenir faire du sport et fréquenter le restaurant.» Le dynamisme et l’engouement de Claire Marty ne seront pas de trop pour relever ce défi. ■

De nouvelles transformations

Construit en 1982, le Centre de tennis de Bulle a bien changé depuis. Au départ, il était uniquement possible de jouer au tennis (à l’intérieur et à l’extérieur) et au tennis de table. Puis, au milieu des années 1980, le squash a fait son apparition. Le badminton a ensuite réalisé une entrée remarquée dès les années 1990, avant le minigolf (2012) et le taekwondo (2015). Ces trois dernières années, l’établissement a également changé de visage. Les vestiaires, les toilettes, l’enveloppe du bâtiment et la terrasse ont été rénovés pour un montant avoisinant les 2,5 millions de francs. Cet été, le site sera à nouveau en travaux avec la réfection des courts intérieurs de tennis (120 000 francs). Le financement est assuré par une dizaine d’actionnaires privés, dont le Club de tennis de Bulle.

Les terrains extérieurs ont, eux, été complètement assainis en 2019 pour un coût de 550 000 francs. La ville de Bulle a participé à l’opération à hauteur de 420 000 francs (dont 200 000 francs de prêt sans intérêt). En effet, le terrain appartient toujours à la commune, le centre bénéficiant d’un droit distinct et permanent sur la parcelle. VAC

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