La championne olympique Mathilde Gremaud affiche publiquement son soutien pour le projet Goya Onda, à Morlon. Elle s’explique.

FRANÇOIS PHARISA

MORLON. Goya Onda contre-attaque. Les promoteurs d’un bassin de vagues artificielles aux Laviaux, à Morlon, lancent un nouveau site internet (lire encadré) et annoncent fièrement pouvoir compter sur la championne olympique Mathilde Gremaud comme «marraine» du projet.

Un joli coup de communication quelques jours après que le projet a été au centre de nouveaux échanges houleux lors de l’assemblée communale de jeudi dernier et a fait l’objet d’une prise de position de sept ONG de protection de la nature le jugeant «démesuré» (La Gruyère des 17 et 21 mai).

Pourquoi la triple médaillée olympique de ski freestyle apporte-t-elle son soutien à Goya Onda? Interview.

Mathilde Gremaud, pourquoi soutenir la construction d’une vague artificielle et d’infrastructures hôtelières sur les rives du lac de la Gruyère?

J’ai accepté de soutenir cette ambition pour deux raisons principales. D’abord parce qu’il s’agit d’un projet promouvant la jeunesse et le sport. Un sport que j’apprécie particulièrement. Ensuite parce que ce projet, malgré sa dimension et son budget, a longuement été pensé et étudié. Ses promoteurs le veulent le plus durable et vert possible. C’est ce qui me plaît.

Ce projet pose de nombreuses questions en termes de mobilité et d’impact environnemental. Cela ne vous inquiète-t-il pas?

Jusqu’à maintenant, il y a eu beaucoup de questionnements et pas mal de fausses idées qui ont circulé. Mais quand on approfondit, on remarque que ce projet possède de nombreux atouts et entend répondre aux diverses craintes. Au niveau de la mobilité, par exemple, il ne sera pas possible d’atteindre Goya Onda en voiture. Tout sera mis en place pour que les visiteurs se rendent aux Laviaux en transports publics ou en mobilité douce. On ne peut pas réaliser un tel projet sans le moindre impact environnemental. Mais il a vraiment été pensé pour être durable et propose par ailleurs plusieurs compensations écologiques. J’encourage vivement toutes les personnes qui s’y intéressent à se rendre sur le site de Goya Onda pour en savoir plus.

Goya Onda ne fait pas l’unanimité: des ONG fribourgeoises et des associations citoyennes s’y opposent. Ne craignez-vous pas un dégât d’image?

Honnêtement, c’est une question que je me suis posée. J’y ai longuement réfléchi et j’en ai discuté avec mes parents et mon manager. Je bénéficie effectivement d’une bonne image dans la région et j’espère la garder malgré ce soutien. Certes, je suis une personnalité publique en tant que sportive, mais j’ai aussi des opinions personnelles. Et ce projet m’enthousiasme, donc je le soutiens. Il ne faut pas tout mélanger.

Êtes-vous rémunérée pour ce soutien public?

Absolument pas, non.

Sur le site de Goya Onda, vous apparaissez dans une vidéo, dans laquelle vous portez une casquette aux couleurs de votre sponsor Red Bull. Celui-ci est-il au courant de ce parrainage?

Non, pas du tout. ■

Entreprises concernées, mais pas associées

Le site internet de Goya Onda présente cinq partenaires: GESA, les TPF, La Gruyère Tourisme, Fribourg Région et Groupe E. Chacun est concerné par le projet de vague artificielle, mais aucun n’y est directement associé.

La mobilité est un des gros enjeux de ce projet, certes. Mais les TPF ne comprennent pas pourquoi ils figurent sur la liste. «En tout cas, il n’y a pas de contrat de partenariat, comme il peut y en avoir pour des manifestations, note le porte-parole Pierre Jenny. Cela est toujours lié à des prestations de transports publics qui, là, n’existent pas.» Pour le dossier de mise à l’enquête préliminaire, les TPF ont répondu, il y a quelque temps déjà, à un questionnaire adressé à la «communauté d’intérêts pour les études techniques». Mais rien de plus, selon Pierre Jenny.

La présence des deux entités touristiques ne se discute en revanche pas. «Vu les activités de Goya Onda – restauration, hébergement et autres – notre logo apparaît comme sur le site de nos autres prestataires touristiques de la région», note Guillaume Schneuwly, directeur de La Gruyère Tourisme. Concernant le projet de vague artificielle, «aucun autre engagement n’a été pris, sauf celui d’être disponible pour des discussions et des conseils. Nous suivons ce projet d’envergure comme ceux de Cailler ou de la Maison du Gruyère.»

Echos similaires du côté de Fribourg Tourisme, avec en plus la question du Fonds d’équipement touristique. «Nous sommes consultés en amont des projets pour expliquer les règles du jeu, indique son directeur Pierre-Alain Morard. Pour Goya Onda, nous avons aussi fait quelques analyses, pour les promoteurs, mais aussi pour l’ARG et la préfecture.»

Pour l’alimentation électrique, Morlon est dans la zone de desserte de GESA. «Le projet de vague artificielle est novateur et ambitieux, constate le directeur général Claude Thürler. Il demande donc de nombreuses compétences techniques. Il est naturel et important que les promoteurs soient venus chez nous rapidement.» Le défi est de trouver les meilleures solutions, par exemple pour éviter des pics de consommation qui prétériteraient l’ensemble des usagers de GESA. «Nous avons fait travailler nos ingénieurs et nos spécialistes sur ces questions. Cela reste raisonnable, mais nous demandons à être visibles, d’où la présence de notre logo.»

Quant à Groupe E, il est impliqué en tant que propriétaire d’un terrain sur lequel le projet pourrait se développer. «Nous avons accepté de le louer, explique la porte-parole Nathalie Salamin. Si le projet se fait, les 5000 francs que nous recevrons annuellement seront reversés à une association de défense de la nature. Nous avons aussi participé financièrement à l’étude d’impact.» Concernant la production hydroélectrique du lac, la vague ne changerait rien. XS

Le dossier sera consultable cet été

Les promoteurs de Goya Onda ne cachent pas leur satisfaction de bénéficier du soutien de Mathilde Gremaud. «C’est fantastique. Mathilde représente la jeunesse, le sport, la Gruyère. Nous sommes en contact avec elle depuis quatre ans déjà et l’avons tenue au courant de tout l’avancement du projet», explique Flurin Mathieu. Le cofondateur de Goya Onda se réjouit également du lancement d’un site internet mis à jour (goyaonda.ch). Il y est notamment possible de s’inscrire pour aller consulter, aux Laviaux et sur rendezvous, «l’entier du dossier de mise à l’enquête préalable», soit quelque 300 pages de plans et d’études d’impact. Les mercredis et jeudis, entre 17 h et 19 h, de juillet et d’août prochains.

On découvre par ailleurs sur ce site que quelques personnalités gruériennes affichent publiquement leur soutien au projet. C’est le cas d’Antoine Micheloud, directeur du Centre touristique Gruyères-Moléson-Vudalla, de Gilles Ancion, directeur de Globull, ou encore des gérants d’établissements Hervé Ruffieux et Vincent Clément. FP

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Mathilde Gremaud nouvelle marraine du projet Goya Onda

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