Dans le cadre du programme Women Only de Suisse Tourisme, le Musée gruérien organise des visites de la ville de Bulle permettant de découvrir l’influence des femmes dans l’histoire du chef-lieu.

VALENTIN CASTELLA

BULLE. Quels rôles les femmes ont-elles joués dans l’histoire de Bulle? C’est la question qu’une petite dizaine de personnes se sont posée dimanche. Composé uniquement de femmes, ce groupe a sillonné les rues du chef-lieu en compagnie d’une guide, dans le cadre du programme Women Only de Suisse Tourisme. Une opération organisée afin de célébrer les 50 ans de l’obtention du droit de vote féminin (lire ci-dessous).

Peu de représentations

La visite, mise sur pied par le Musée gruérien, commence à l’ombre des arbres des jardins du château. La guide Anne Brodard explique que le but de cette promenade en ville est de «remettre les femmes au centre de l’histoire» et de les sortir de l’anonymat. Car, comme pratiquement partout en Suisse, leurs actes n’occupent que peu de place dans la mémoire collective. A Bulle par exemple, aucune rue ne porte le nom d’une femme. Excepté des vitraux, des représentations de la Vierge et d’une petite fille qui accompagne la statue de l’abbé Bovet, les reproductions féminines sont également absentes. Pourquoi? Parce que ce sont les hommes qui ont fait l’histoire paraît-il. Durant une heure et demie, Anne Brodard est parvenue à prouver le contraire.

Le groupe se retrouve donc dans les jardins du château, face aux Préalpes. L’occasion d’aborder le thème de l’agriculture. «Le terme armailli existe-t-il au féminin? Non», commence Anne Brodard, qui poursuit: «Pourtant, à l’alpage, les femmes ont toujours accompagné leurs maris. Si ce sont principalement les hommes qui s’occupaient de la fabrication du fromage, elles ne chômaient pas en s’occupant notamment des petits animaux. Les femmes à l’alpage, on ne les apercevait finalement que sur les marchés.»

Un petit tour sur soi-même permet d’aborder un autre thème. Devant le château, la guide explique que pratiquement aucun document ne relate la présence des femmes dans ces murs. «Malheureusement, elles étaient uniquement considérées comme des épouses de baillis, de châtelains ou de préfets.»

Au niveau politique, une femme a toutefois marqué l’histoire en étant à l’origine de l’émeute de 1944. «Elle s’est rebellée en refusant de collaborer avec les inspecteurs fédéraux, qui ont ensuite été contraints de se réfugier dans le château pour fuir la foule en colère.»

Autre passage obligé: la statue de Nicolas Chenaux. Son histoire est bien connue. Mais celle de l’une de ses filles beaucoup moins. «Marie-Thérèse s’est mariée avec un Thürler de La Tour-de-Trême. Ensemble, ils sont partis à Nova Fribourgo. En 2016 au Brésil, on comptait plus de 4000 Thürler et donc autant de descendants du révolutionnaire.»

Après l’agriculture et la politique, place à la culture. Au kiosque à musique situé sur la place du Marché, la guide explique pourquoi et comment cette structure en bois a été construite. L’occasion de souligner que les femmes n’ont été acceptées au sein de la fanfare bulloise qu’à partir des années 1960.

«On revient de loin»

Des femmes ont toutefois régné à Bulle, dans les murs de l’Institut Sainte-Croix. «Elles ont permis à de nombreuses jeunes filles de s’instruire en créant l’école secondaire féminine en 1899.» Et Anne Bordard de rappeler que la mixité au sein du cycle d’orientation n’a été admise qu’en 1973. Une anecdote qui a fait bondir Daisy, la plus jeune participante de la visite. «Oui Mesdames, on revient de loin», sourit la guide. Citoyenne de Bulle depuis trois ans, Daisy avait déjà suivi le tour historique classique de la ville. Mais dimanche, elle voulait en savoir davantage sur la présence féminine. «C’est en écoutant ce genre de propos qu’on s’aperçoit de la réalité féminine de l’époque. Et cela me choque que l’importance des femmes ait été autant effacée des mémoires.»

La visite se poursuit près des Halles, là où l’incendie de 1805 a commencé. «Cette fois-ci, les livres d’histoire n’ont pas manqué de relater qu’une femme a été à l’origine du sinistre», sourit ironiquement la guide. Accompagnée d’une copine, Elisabeth ne manque pas une miette des propos d’Anne Brodard. «J’étais déjà consciente de cette réalité. Je l’ai même vécue. Lorsque j’avais 20 ans, je devais me cacher pour aller courir. Je n’avais d’ailleurs pas pu participer à la course Morat-Fribourg. Heureusement qu’on s’est battues pour obtenir davantage de droits et de libertés.»

Sous le tilleul, la balade prend fin. Mais pas les discussions. Ensemble, les membres du groupe évoquent l’égalité salariale ou le féminicide. «Je suis très heureuse que ces thèmes ressortent de la visite, explique Anne Brodard. Cette activité permet aux participantes de se poser des questions et de prendre conscience de l’importance des femmes dans l’histoire.» ■

Dans toute la Suisse
Lancée par Suisse Tourisme, l’opération Women Only se déroule dans tout le pays. Dans le canton, plusieurs manifestations sont organisées par les femmes et pour les femmes. A Bulle, les visites historiques se poursuivront les dimanches, une fois par mois entre août et décembre. A Morat, des tours à mobylette entre femmes sont également prévus, tout comme des visites en ville de Fribourg sur les traces des femmes de la capitale. A noter encore, des ateliers découpage au ciseau à Rossinière. Toutes les activités sont regroupées sur le site www.myswitzerland.com. VAC

Réseaux

Actualités

Médias

Services

La Gruyère

Actualités

Médias

Services

La Gruyère

Mettre en lumière le rôle des femmes dans l’histoire

Vous voulez en savoir plus ?

Les bonnes raisons de s'abonner

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles