Lors de l’assemblée annuelle du Parc naturel régional Gruyère Pays-d’Enhaut, le président fondateur Philippe Randin a passé le relais au préfet Patrice Borcard.

XAVIER SCHALLER

CHARMEY. Ils étaient une cinquantaine mercredi à la salle associative de Charmey, debout pour ovationner Philippe Randin. Depuis la création de l’association du Parc naturel régional Gruyère Pays-d’Enhaut (PNR), en 2006, le Damounais en était le président et l’image publique. A 68 ans, il passe la main.

De nombreux hommages lui ont été rendus, par son successeur, par le vice-président Vincent Grangier, par les deux coordinateurs du Parc Fran- çois Margot et Patrick Rudaz, ainsi que par les collaborateurs de la coordination. Le charisme et la bienveillance de Philippe Randin ont été salués, tout comme l’amour de la région d’un homme «qui a le Parc cheviller au corps et à l’esprit». Sa maladie a aussi été évoquée.

Beaucoup d’émotion, de la tristesse aussi, à peine atténuée par une bonne nouvelle (de l’avis général): l’élection de Patrice Borcard pour lui succéder. Préfet de la Gruyère jusqu’à la fin de l’année, l’habitant de Grandvillard est un défenseur du Parc et un membre de l’association de la première heure. Dans son discours, il a affirmé son intention de travailler dans la continuité, «avec de beaux enjeux, de beaux défis et quelques batailles à mener»: «Le Parc est le lieu où se réfléchit et se forge l’avenir de notre région.» Durant l’assemblée, les membres de l’association présents ont aussi accepté les comptes 2020, qui se soldent par un déficit de 58 000 francs pour un total des charges de 1,8 million. Ils ont aussi validé le rapport annuel, que l’équipe du PNR a illustré en présentant quatre projets spécifiques.

Dans la lutte contre les plantes envahissantes, plusieurs actions ont été menées en 2020, par des citoyens, des civilistes, des apprentis ou des requérants d’asile du canton de Vaud. L’installation de nids artificiels et de planchettes a permis d’augmenter le nombre d’hirondelles, tout en limitant les problèmes de fiente. Pour sensibiliser les jeunes à l’alimentation durable, 65 classes ont bénéficié d’un demi-jour d’animation et de diverses actions concrètes. Au niveau touristique, de nouveaux forfaits ont été proposés aux randonneurs et vététistes pour des excursions de plusieurs jours.

Mercredi soir, le PNR a décerné six labels Entreprises partenaires. Une nouveauté nationale qui récompense des partenaires qui relaie les valeurs des parcs suisses. Pour cette première volée test, tous sont issus du secteur touristique: les B&B Le Berceau (Château-d’Œx), Lever le pied (Bellegarde), Les Rosatlits (Château-d’Œx), la maison d’hôtes L’Ermitage (Château-d’Œx), l’Hôtel Cailler (Charmey), ainsi que La Gruyère Tourisme. ■

Votre dernière assemblée en tant que président a été très émouvante…

Philippe Randin. Je ne m’étais pas imaginé de tels propos à mon égard. J’ai pu contribuer, humblement, à la création de ce Parc et j’ai fait au mieux depuis la création de cette association.

Vous avez été municipal à Château-d’Œx et député. Vous dites pourtant que le PNR est la plus belle aventure de vote vie citoyenne…

Cela a été une expérience humaine formidable. Avec tous les gens que j’ai côtoyés, tant par les autorités fribourgeoises que vaudoises. L’équipe du Parc surtout qui est jeune et dynamique, très motivée, dans l’air du temps de tout ce qui est entrepris. Et avoir trouvé la perle rare pour me remplacer, c’est vraiment la cerise sur le gâteau.

Si vous deviez citer la plus belle réussite du Parc?

Le rapprochement entre des régions qui ont la même pastorale au niveau de la production du fromage, la même culture, mais qui sont administrativement séparées. Entre l’Intyamon, le Pays-d’Enhaut et la Jogne, puis du côté un peu plus citadin, avec Montreux, Vétoz et Villeneuve. Le Parc est vraiment la plate-forme qui tisse des liens entre différentes manières de voir et d’envisager les choses.

Le Parc compte actuellement 17 communes. Pensez-vous qu’il a atteint la bonne taille?

Tout à fait. Il n’y aura pas de volonté maintenant de s’agrandir.

L’extension a été un sacré défi…

Nous avions d’abord, en 2006, quatre communes: Haut-Intyamon, Charmey, Château-d’Œx et Rossinière. En fonction de la disposition de la Loi sur la protection de la nature, dirigée par l’Office fédéral de l’environnement, il était nécessaire d’augmenter le périmètre pour obtenir une reconnaissance, qui est venue en 2011. C’est là que nous avons abordé les autres communes. La première a été Cerniat, puis Montreux et ainsi de suite. Objectivement, Gruyères nous a un peu manqué au début. Mais maintenant la commune fait partie intégrante du Parc naturel régional.

Qu’auriez-vous souhaité améliorer?

Dans les communes qui sont dans le périmètre, la population ne s’est pas encore totalement approprié toute l’action du Parc. C’est pourquoi j’ai rappelé aux élus, qui étaient nombreux mercredi soir, de penser d’abord Parc quand ils envisagent un projet, quel qu’il soit. L’équipe du Parc propose des compétences très diverses et très intéressantes.

Un très bel exemple s’est fait dernièrement avec l’abattoir des Moulins, un des derniers petits abattoirs du canton de Vaud. Nous avons créé une association avec une centaine de sociétaires. Elle fait maintenant vivre cette installation, qui occupe deux bouchers à plein temps, alors qu’avant, la commune de Château-d’Œx devait financer les déficits.

Pensez-vous que les craintes du début, notamment celles des agriculteurs, sont tombées?

Je pense qu’il y a un pas en avant, qu’ils se sont mis en marche. La commission agricole est celle qui fonctionne le mieux, et la plus soutenue par le Parc. Les agriculteurs sont des acteurs incontournables de la préservation de la biodiversité, du paysage évidemment et de la production de proximité. XS

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