Concernée par deux des sites éoliens définis par le canton, la commune de Sâles organise ce dimanche un plébiscite sur la question.

Elle a décidé de greffer son vote consultatif à des votations cantonales et fédérales.

Assemblée extraordinaire, sondage, plébiscite ou rien, dans ce dossier chaque Conseil communal doit faire un choix en fonction du contexte.

XAVIER SCHALLER

ÉOLIENNES. Acceptez-vous l’entrée en matière sur la création d’une zone éolienne? Autorisez-vous la commune à mettre à disposition des terrains communaux pour cela? Dimanche, les habitants de Sâles devront répondre à ces deux questions. Ils sont en effet concernés par deux sites éoliens potentiels: le massif du Gibloux et Autour d’Esserta.

D’autres communes ont déjà sondé leur population au sujet des éoliennes. Mais Sâles a la particularité de le faire dans le cadre d’un weekend de votations fédérales. Aux yeux du syndic Nicolas Hassler, ce processus présente plusieurs avantages. «On ne voulait pas d’un sondage où l’on risquait d’avoir davantage de réponses que d’habitants.» Et où les résultats sont publiés par la commune, ce qui peut faire naître des soupçons dans un contexte tendu. Dimanche, le décompte se fera avec Sygev, le système officiel du canton (lire encadré). Nicolas Hassler estime que la démocratie est «sans doute mieux respectée dans les urnes que sur la place publique». Les résultats pourraient être davantage nuancés que lors d’un vote en assemblée. «Et nous ne voulions pas non plus d’une assemblée extraordinaire où tout le monde s’engueule et se prétend docteur en éoliennes.»

L’assemblée pour aller vite

Dans le genre houleux et électrique, l’assemblée de Vuisternens-devant-Romont au Bicubic, en juin 2021 avec 420 personnes, est restée dans les mémoires. «Nous avions aussi envisagé de passer par une votation, se souvient le syndic Jacques Dumas. Mais avec la nouvelle équipe élue, nous voulions consulter la population très rapidement.»

Pour rappel, Jacques Dumas avait été le seul sortant réélu au Conseil communal, après une campagne extrêmement virulente des antiéoliens. «Plusieurs des nouveaux venus avaient été élus par les opposants aux éoliennes. Mais nous ne savions pas ce que pensait l’ensemble de la population sur ce sujet.»

Avec le recul, il estime que cette assemblée extraordinaire était la chose à faire, pour ramener de la sérénité et de la confiance. Même s’il conçoit qu’il peut être difficile de faire entendre sa voix, surtout si elle est divergente de celle de la majorité, dans ce type de réunion. n’a pas de raison d’être. «D’ailleurs, personne n’a levé la main pour le réclamer lors de l’assemblée. Ces votes, c’est surtout une question politique.» Pour répondre à une grogne et recoller les morceaux quand la confiance a été rompue.

Egalement concerné par le parc Côte du Glaney, Siviriez a changé d’avis sur la question de la consultation. Lors du Conseil général de décembre dernier, l’Exécutif a parlé d’un sondage en début de l’année. Il n’a pas été lancé pour l’heure. «La population sera consultée, mais je ne peux pas encore dire sous quelle forme, répond Paul Maillard, conseiller communal chargé de l’aménagement et de l’énergie. Avant cela, tout un processus se met en place avec la commission énergie. Notamment une séance d’information, sans doute fin juin, sur les énergies en général et le ressenti de populations qui vivent près de parcs éoliens. Avant d’ouvrir le débat, nous aimerions poser des bases correctes.»

La question de l’aménagement n’étant pas du domaine du législatif, ces votes restent consultatifs. Mais Jacques Dumas peine à comprendre la frilosité de certains exécutifs vis-à-vis de ces procédures: «Refuser d’entrer en matière attise les soupçons. Il faut accepter la position de la population et la défendre, au risque de se prendre des baffes venant de Fribourg ou de la Confédération.» ■

Se greffer sur un dimanche de votations

Le principe d’un vote consultatif à Sâles a été annoncé à l’assemblée de décembre dernier. «Mais pour se greffer sur les votations du 13 février, le délai était un peu court, note le syndic Nicolas Hassler. Nous avons signalé le plébiscite à la préfecture. Ensuite, nous avons pris notre plume et écrit un petit texte pour la Feuilleofficielle, puis nous avons fait imprimer les bulletins de vote et les enveloppes.»

Pour bénéficier du système de décomptes des votes Sygev, rien n’est facturé, explique Nicolas Fellay, responsable du secteur Droit politique à la chancellerie d’Etat. «La commune s’adresse à la chancellerie si elle veut bénéficier du système Sygev et faire produire les enveloppes et les bulletins.» Après, à elle d’envoyer tout cela avec le matériel de vote cantonal et fédéral. «Cela nous coûte à peu près 500 francs», indique Nicolas Hassler. Pour l’information, le Conseil communal a présenté la votation dans le bulletin communal. Elle a aussi joint deux pages d’arguments, une pour Groupe E Greenwatt et une pour Paysage libre Fribourg, au matériel de vote.

Du moment que le vote a été annoncé, les esprits se sont bien calmés. «Alors qu’à cause de ces histoires d’éoliennes certains ne me parlaient plus ou ne me tenaient plus la porte. Nous avons toujours dit à la population qu’elle aura le dernier mot et elle est contente de voir que nous tenons parole.» A l’entendre, la campagne est d’ailleurs assez calme: «La semaine passée, il y a eu un tout ménage des opposants. Ils ont aussi mis une pancarte en face de la boulangerie et fait un peu de porte-à-porte.» XS

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