La quatrième édition de l’Abyss festival débute jeudi à Hauteville, avec une soirée d’ouverture gratuite. Elle proposera notamment un voyage à travers soixante ans de rock grâce aux reprises des Waiters. Rencontre avec les deux chanteurs de cette formation gruérienne qui fête ses «15 + 2 ans».

ÉRIC BULLIARD

MUSIQUE. «Le maître mot, c’est le plaisir. On en prend et on aime en donner.» Et ce plaisir dure depuis dis-sept ans. Ou plutôt 15 + 2: Les Waiters auraient dû célébrer leur triple lustre en 2020, à l’Abyss. Deux ans de pandémie plus tard, ce groupe de reprises rock est prêt à fêter son anniversaire et à lancer les retrouvailles du public avec le festival de metal de Hauteville, qui se tient cette fin de semaine au bord du lac.

Très vite, sur cette terrasse d’un café tourain, les deux chanteurs et cofondateurs du groupe demandent que l’article les désigne par leurs pseudonymes. Va donc pour El Guapo et Colonel Roro, leurs noms de scène. Manière de rappeler que ces deux Gruériens, qui se connaissent depuis le CO, ont créé des personnages. Quand ils montent sur scène, ils «changent de peau». Pas de prise de tête dans cette mue, plutôt un large sourire: le plaisir passe évidemment par la rigolade.

Par la fête, aussi, puisque c’est avec elle que tout a commencé: vers 2002, Les Waiters voient le jour pour un anniversaire. «Sur six ou sept musiciens que nous étions alors, trois ont décidé de continuer.» Il faudra deux ans pour recruter d’autres membres, établir un concept, trouver un nom. Qui naîtra un soir de concert marquant les dix ans du bar Le Memphis, où tous se sont habillés en serveurs. Ils seront LES Waiters, «surtout pas The…»

D’emblée, le groupe choisit de ne se consacrer qu’aux reprises. Et au rock, compris dans son sens le plus large. Colonel Roro souligne par exemple que leur répertoire, fort de plus de 70 titres, comprend un titre de Brel (Amster- dam). «Pourquoi? Parce que Brel était rock.» Pas faux. Keep on rockin’, donc.

Peu de titres récents, en revanche, dans leur setlist. «Mais nous avons plein de nouveautés de la deuxième moitié du XXe siècle», rigole Colonel Roro. Avant d’expliquer, plus sérieusement: «Les morceaux doivent avoir passé le test du temps. Notre créneau, c’est le best of: le but est de foutre les poils, et d’y arriver tout en passant d’Abba à Rammstein.» «Les titres récents peuvent être clivants, ajoute El Guapo. Ceux qui ont résisté sur la durée ne le sont plus.»

Le soin du détail

Les deux chanteurs le reconnaissent: ils ne les aiment pas tous de la même manière, ces morceaux. «Ce n’est pas forcément la musique que l’on écoute dans la voiture. Mais nous avons un énorme respect pour tous ceux que l’on joue. On les choisit pour le public, en restant au plus proche de l’original.» Et quand ce n’est pas possible, pour des questions vocales par exemple, Les Waiters s’acharnent à trouver le petit truc qui fera comme si. «On n’a pas les voix d’Abba, par exemple, mais il faudra que ça groove.»

Parce qu’il ne faut pas s’y tromper: derrière les sourires et la fête, le groupe cultive le soin du détail. Balancer une reprise que tout le monde connaît demeure un exercice casse-gueule. Il faut assumer la comparaison. «Surtout que les gens ont en tête la version de l’album! En concert, les chansons étaient parfois très différentes.»

Ce respect du public et des tubes passe par une recherche minutieuse sur le son, sur le choix des instruments… Avec, au final, l’objectif de ravir les auditeurs sans leur faire sentir la sueur: «On aime bien donner l’impression que c’est facile.»

De Lyoba à Led Zep

Reste que les reprises, naïvement, peuvent donner l’impression de limiter la créativité. «Je sens zéro frustration artistique», assure Colonel Roro, qui a pas mal roulé sa bosse en donnant des concerts «depuis trente-cinq ans». Il était notamment de l’aventure Deathless, pionniers régionaux du hard rock.

Aujourd’hui, Les Waiters comptent sept musiciens. Dont «une base de gens qui ont un sacré niveau: nous sommes les moins bons musiciens du groupe!» Leurs dix à douze concerts par an proposent à chaque fois «un voyage à travers soixante ans de rock».

Ce périple est passé par les bars de la région, par des fêtes privées, mais aussi par de grosses soirées, à la Fête fédérale des musiques de Montreux, au Comptoir suisse ou encore à la clôture de la Fête des vignerons. «Nous avons été le dernier groupe à jouer le Ranz des vaches… Et nous avons enchaîné avec Whole lotta love!»

«Un pur bonheur»

Au côté de Led Zeppelin, de Motörhead, de ZZ Top ou de classiques français comme Antisocial, de Trust, Les Waiters ne négligent pas les surprises. Ils osent par exemple un titre parodique des Inconnus: «Quand on a joué la première fois à l’Abyss, en 2017, on a balancé C’est toi que je t’aime et on a vu tous les hardeux venir pogoter!»

Nous voici de retour au prétexte de la discussion: le concert à l’Abyss, festival estampillé metal. «Mais il vient de là: les morceaux que l’on joue sont les ancêtres du metal.» Au-delà de cette justification historique, le groupe se dit surtout heureux de fêter son anniversaire sur les bords du lac. «C’est un pur bonheur de jouer là-bas. Ce festival est profondément admirable.» ■

Trois jours de festival

Outre Les Waiters, la soirée de lancement de l’Abyss festival (ce jeudi dès 17 h 30), annoncée «gratuite, familiale et conviviale», verra se succéder Glaascats et Galé Gringo. Sur la scène d’Hauteville dressée au bord du lac, place ensuite au metal, vendredi (dès 17 h 30) et samedi (dès 14 h). Parmi les têtes d’affiche annoncées figurent Life of Agony, Destruction, Dying Fetus, Jesus Piece ou encore Burning Witches. Tout le programme sur www.abyssfestival.ch. EB

Réseaux

Actualités

Médias

Services

La Gruyère

Actualités

Médias

Services

La Gruyère

Soixante ans de rock juste pour le plaisir

Vous voulez en savoir plus ?

Les bonnes raisons de s'abonner

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles