Humour de potache à la salle CO2: Roméo hait Juliette a revisité Shakespeare avec un rire qui ne s’élève guère.

SAISON CULTURELLE. Sur le papier, le projet paraissait alléchant: un exercice de style à la Queneau, pour revisiter la scène du balcon, dans Roméo et Juliette, l’une des plus célèbres de l’histoire du théâtre. Roméo hait Juliette, que la compagnie Pas sages à l’acte présentait vendredi à la salle CO2 de La Tour-de-Trême, s’annonçait déjanté et délirant. Au final, le spectacle des Chaux-de-Fonniers peine à dépasser le stade de la pochade.

La pièce commence avec un metteur en scène (Lionnel Dubois), qui désigne trois comédiens pour sa nouvelle création. Il y a là un intello (Patrick Devantéry), la fille du producteur (Murielle Dubois-Béguelin) et Hans-Joerg, d’Altdorf, histoire de respecter le quota suisse alémanique (Olivier Gabus). La joyeuse troupe va chercher la meilleure manière de monter la fameuse scène, en essayant une version en alexandrins, d’autres aux couleurs espagnoles ou russes, en film muet, en anglais, en comédie musicale, en danse contemporaine…

Au-delà de l’aspect répétitif, Roméo hait Juliette souffre de son caractère simpliste. Une fois le principe compris, il n’y aura plus guère de surprises: pour l’Espagne, c’est tauromachie, «corazon, ramblas, tapas», pour l’anglais, c’est «bed and breakfast», «fish and chips» et une tasse de thé. Pour le russe, on ajoute des «–ski» partout et ça fait rigoler: «C’est à cette heureski que tu rentreski?»
Cet humour ne vole pas très haut. Il reste même souvent sous la ceinture. Inutile donc de préciser à quoi renvoient les castagnettes ou l’expression «a little bit»… Pour un bon gag («depuis le temps qu’on répète, tu n’as plus l’âge du rôle»), on a droit à des lourdeurs du style «adios amigos – Adidas amigas…» ou «j’amène ma doudoune? – Non, les conjoints ne sont pas autorisés.»

Burlesque sage

Sur la longueur (près de deux heures), Roméo hait Juliette réserve quelques moments de franche rigolade, comme la séquence en film muet, très réussie. La pièce effleure aussi certains thèmes intéressants, cette magie du théâtre qui permet de se transporter dans un autre univers avec juste quelques accessoires. Mais elle les effleure seulement.

Tout cela reste donc dans le registre potache et pourquoi pas? Mais il aurait fallu alors y aller à fond, pour vraiment toucher au burlesque et dépasser la parodie un peu facile. Or, malgré les changements de costumes et de rôles, la pièce avance toujours sur le même rythme. Et la mise en scène de Lionnel Dubois demeure étonnamment sage, trop simplement illustrative pour réellement donner à l’ensemble l’esprit déjanté et déluré annoncé. EB

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Sous le balcon et sous la ceinture

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