Les travailleurs sociaux en milieu scolaire vont se multiplier dans le canton. Le concept et sa mise en œuvre ont été présentés hier à Fribourg.

ANN-CHRISTIN NÖCHEL

ECOLES. «L’accompagnement des élèves s’est complexifié ces dernières années», déclarait hier à la presse la conseillère d’Etat en charge de la formation et des affaires culturelles (DFAC) Sylvie Bonvin-Sansonnens. A ses côtés, les chefs du service de l’enseignement obligatoire, l’inspecteur scolaire Michel Piller et trois travailleurs sociaux en milieu scolaire (TSS). Tous sont venus présenter l’introduction généralisée et échelonnée du travail social dans les écoles obligatoires du canton, de la 1H à la 11H.

Le Conseil d’Etat va créer 46 emplois à plein temps (EPT) d’ici 2024, conformément au mandat du Grand Conseil adopté le 6 octobre 2021 (La Gruyère du 7 octobre). Cela correspond à un EPT pour 750 élèves. Ils seront financés à 50% par l’Etat et à 50% par les communes, pour une estimation globale de 5 à 6 millions de francs. Cette année déjà, 15 postes seront créés. «Les équipes de la DFAC ont effectué un travail exceptionnel en très peu de temps», a indiqué la conseillère d’Etat.

Aider le plus tôt possible

Le travail social est pour l’instant présent dans la partie germanophone et dans la quasi-totalité des écoles francophones du Cycle d’orientation (CO). Mais cela ne représente que 14 EPT. «25 000 élèves sur 39 500 n’ont pas accès à un service de travail social, même si d’autres mesures d’aides sont en place», avançait Sylvie Bonvin-Sansonnens. Un besoin de postes supplémentaires a été constaté, notamment dans les écoles primaires.

«Certaines problématiques apparaissent très tôt. Lorsque l’élève arrive au secondaire, il est souvent trop tard. Pouvoir détecter ces difficultés plus rapidement est essentiel, aussi afin que l’enfant apprenne à demander de l’aide», signalait Quentin Bovet, TSS au CO de la Veveyse.

Le chef du service de l’enseignement obligatoire, Hugo Stern, a mis en avant les problématiques éducatives et sociales qui ont pris de l’ampleur ces dernières années. «On ne peut plus réagir aujourd’hui comme on le faisait dans les années 1990.» Avant de les énumérer: harcèlement et cyberharcèlement, délinquance juvénile (comme le vol, la consommation de stupéfiants ou la dégradation de bâtiments), violence verbale ou physique entre élèves ou envers les enseignants. «Ce sont des jeunes en souffrance. Il faut comprendre la problématique avant de pouvoir accompagner l’enfant.»

Environ 5% des élèves – toutes classes d’école obligatoire confondues – sont concernés par ces difficultés. Un chiffre qui a encore augmenté avec la pandémie, constatait Michel Piller.

Un rôle essentiel

C’est là que le TSS intervient. Educateur spécialisé possédant un Bachelor en Travail social, il se situe à l’intersection entre l’école, l’élève et sa famille. «Un élève est avant tout un enfant. Le considérer seulement comme un élève ne suffit pas. L’un des rôles du travailleur social, c’est justement de voir plus large», précisait Quentin Bovet.

Par ce biais, le TSS soutient le corps enseignant et les parents dans leur mandat éducatif, tout en travaillant en réseau avec des services ou des institutions de la commune et du canton. Il met aussi en place des mesures préventives, par exemple contre les addictions ou le suicide. «C’est une prise en charge globale. Je peux aussi faire appel à la psychologue scolaire si mes interventions auprès de l’élève ne suffisent pas», a témoigné Christelle Gauch, également TSS, mais au CO du Gibloux. Pour Dominique de Diesbach, TSS à l’école primaire du Schönberg, son travail «permet de désamorcer certains conflits». Selon elle, la création de ces 46 postes supplémentaires est une aubaine. «Le travailleur social ne sera plus seulement sollicité en cas d’incendie. Il fera partie du cercle scolaire. C’est un changement nécessaire.»

Bilan d’ici 2024

Et les critères pour répartir ces différents postes? Michel Piller a indiqué «qu’une analyse sera faite afin de viser l’équité, tout en gardant une certaine souplesse dans la distribution des ressources».

Un premier bilan sera effectué d’ici 2024. Pour cela, un comité de pilotage a été mis en place. «Il permettra aussi d’évaluer les synergies avec les mesures déjà existantes, comme la médiation scolaire mobile, qui est nécessaire, ou les classes relais.» ■

Réactions positives des directeurs d’établissements

Directeur du CO de Bulle, Laurent Comte se réjouit du renforcement du travail social, même si son établissement connaît déjà un tel appui. «Nous avons depuis plusieurs années une travailleuse sociale et quatre médiateurs scolaires. Un EPT pour 750 élèves, comme le prévoit l’Etat, peut augmenter le pourcentage de notre travailleuse sociale.» Il relève l’excellent travail fourni. «Nous avons vu la différence avec certains élèves, cela soulage tout le monde. Je suis surtout content pour les écoles primaires. Ce sont elles qui verront un changement important.» Les concernés interrogés sont effectivement ravis, à l’image de Sophie Moura, à la tête du site scolaire de la Condémine, à Bulle. Ce dernier ne dispose ni de travailleur social, ni de médiateur scolaire. Les situations gérables peuvent être encadrées par l’infirmière scolaire, explique la directrice. Pour les plus compliquées, l’unité mobile de médiation, mise en place par la DFAC, prend le relais. «Je fais régulièrement appel à elle, la pandémie a exacerbé ces situations tendues. Nous nous réjouissons de cette mesure, car il nous manque ce lien avec la famille. Le travailleur social va pouvoir le créer.»

Frédéric Rody voit également d’un œil positif ce changement. Le responsable d’établissement du cercle scolaire Echarlens-Marsens-Sorens fait lui aussi déjà appel à l’unité mobile. «Nous travaillons main dans la main avec elle. Je me réjouis de découvrir la collaboration avec un travailleur social. J’espère qu’il s’agira d’un engagement avec une même personne pour les établissements d’une même région.» EF

Réseaux

Actualités

Médias

Services

La Gruyère

Actualités

Médias

Services

La Gruyère

Une oreille attentive au service des élèves dès le plus jeune âge

Vous voulez en savoir plus ?

Les bonnes raisons de s'abonner

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Dans la même rubrique

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles

Derniers articles