Cette saison, les patineuses Alissa Touron et Noélie Haymoz enchaînent les podiums.

Ces Gruériennes de 12 ans sont dans le cadre novice de Swiss Ice Skating.

Ce week-end, l’une sera au championnat romand, l’autre vivra son baptême international.

VALENTIN THIÉRY

PATINAGE ARTISTIQUE. Deux patineuses gruériennes ont une échéance importante ce week-end. Alissa Touron disputera le championnat romand. «A Thônex, je tenterai de gagner le titre U13 après celui en U12 l’an passé. Je voudrai aussi réussir un triple saut dans le programme court et dans le long», explique la Bulloise. Noémie Haymoz, elle, sera en Italie pour son baptême international. «J’irai à Merano pour m’amuser, sans penser à un classement, car ce niveau et la concurrence seront nouveaux», embraie la Riazoise, également âgée de 12 ans.

Les deux amies seront donc séparées. Un fait rare depuis leurs débuts vers 5 ans au club de la Gruyère. «Le moment le plus chouette de mon parcours, c’est la première fois que j’ai mis les patins. J’avais la boule au ventre de peur de tomber. Mais je ressentais beaucoup de joie», se souvient Alissa. «Moi, c’était quand je découvrais le patinage lorsque mon frère faisait du hockey sur glace. Ça m’a plu directement.»

Sport-Art-Formation

Désormais au Club de patinage de Fribourg et Romont (CPFR), elles se voient pour l’entraînement au moins deux fois par jour, sauf le dimanche, encadrées par leur coach Romain Ponsart. «Rien ne nous rend plus heureuses que notre sport. On a du plaisir à faire tous ces efforts», s’accordent celles qui rêvent de sommets mondiaux de leur discipline.

Ces efforts, c’est également rattraper le retard pris à l’école à cause d’entraînements ou de compétitions. Bénéficiant de la structure Sport-Art-Formation (SAF), le duo voit ses heures de cours réduites pour s’investir dans son activité. «J’ai parfois de la peine en histoire, mais en général tout va bien», confie Noélie, en dernière année primaire à Riaz. «Je viens de rentrer au CO à Bulle, j’ai donc le double à réviser. Mais je m’en sors avec de bonnes notes», ajoute Alissa, fan de la star russe Aliona Kostornaïa.

Sur la glace aussi, elles cartonnent avec neuf podiums atteints en Coupe de Suisse cette saison, dont deux sacres chacune. «Elles ont surpassé les attentes, livre Romain Ponsart. Les médailles sont une chose, mais l’important est la manière de les décrocher. On ne présumait par exemple pas que Noélie signe déjà quatre triples dans ses programmes à Lucerne, mijanvier.»

Technique et caractère

Pour continuer de s’améliorer, Alissa peut capitaliser sur l’artistique et une bonne technique. «Mon point fort, c’est mon rebond. Je dois faire mieux en pirouette.» Noélie mise elle sur sa facilité de rotation, sa vivacité et sa force de caractère. «Je saute haut, mais je dois développer ma glisse». Autant de qualités qui leur ont ouvert les portes de Swiss Ice Skating en avril 2022, leur donnant accès à des événements internationaux ou à un coach mental. «On a également des cours avec Stéphane Lambiel (n.d.l.r.: champion du monde 2005 et 2006). On apprend comment se nourrir, gérer le stress. C’est une chance», sourit Noélie.

Après avoir intégré le cadre national novice, elles doivent maintenant y perdurer en réussissant des figures: deux triples différents dans une même compétition pour Noélie, un double axel et un triple dans le même programme pour sa copine. «J’ai validé des sauts et je vais en Italie. Je suis contente de ma saison», glisse Noélie. «Moi aussi, car j’ai progressé mentalement. Mes prestations sont plus régulières», enchaîne la Bulloise, ralentie par un souci au genou.

Aucune crainte

Quant à la pression des résultats, elles ne la subissent pas, balayée par le plaisir de la glisse. Idem pour la crainte d’être devancées par la concurrence dans une discipline individuelle où beaucoup sont appelées, mais peu percent à haut niveau. «Actuellement, ça ne sert à rien d’avoir peur, il faut juste se battre pour ses objectifs, expose Alissa. J’aime la classe de notre sport et sentir l’air quand on se déplace», décrit-elle. Et la Riazoise de conclure: «Ce qui me plaît le plus, c’est que je m’amuse. J’adore sauter. Je me sens si légère. Souvent, on tombe et ça fait mal. Le plus dur est de se relever et de recommencer. Parfois ça fait peur. Il faut la vaincre.»

Après ce week-end, leur prochain envol sera au championnat de Suisse à Bellinzone mi-février. ■

«Elles sont matures et motivées»

Romain Ponsart a débarqué en Suisse en septembre avec de l’expérience et de la passion à revendre. Coaché pendant sept ans par Rafael Arutyunyan, l’actuel mentor du champion olympique Nathan Chen, le patineur de 30 ans a notamment été vice-champion de France élite et a goûté au championnat du monde 2018. Epaulé par Angélique Abachkina et Anouk Richard, il s’occupe d’Alissa et Noémie six jours par semaine au Club de patinage de Fribourg et Romont.

Que représente cette première internationale pour Noélie? Romain Ponsart: C’est une nouvelle pression à ressentir. Notre but est qu’elle crée une zone de confort dans cet inconfort, pour qu’elle parvienne à reproduire en compétition ce qu’elle fait à l’entraînement. Elle devra aussi réaliser que, qu’importe le nom de l’événement, c’est la même glace, le même programme et elle est la même patineuse. Quand elle aura tout intégré, elle maîtrisera toutes ses échéances.

En patinage artistique comme en gymnastique, les sportives sont vite amenées sur le devant de la scène à un âge précoce. Comment gérer ce rapport entre jeunesse et ambition?

Je leur parle comme à des adultes, sans mettre de pression. Ensuite, on fixe les objectifs ensemble et je leur dis s’ils sont atteignables. Sinon, on les garde pour plus tard. Je n’oublie pas de les conscientiser à la charge de travail que cela demande. Avec le plan qu’on leur donne, elles peuvent se préparer psychologiquement. Alissa et Noélie sont matures et motivées. Elles savent par quoi il faut passer pour réussir.

Même entre copines, les rivalités existent dans cette discipline individuelle…

S’il n’y a pas de rivalité, il n’y a pas d’esprit de compétition. Donc oui, elles existent. Pour le moment, elles ne sont pas compliquées à contrôler. Quand des qualifications pour des rendez-vous prestigieux seront en jeu, ce sera plus difficile. Aujourd’hui, nous les mobilisons: vous êtes coéquipières, ne vous mettez pas de bâtons dans les roues. Vous avez des objectifs communs, ce n’est pas de la boxe. Tirez-vous vers le haut. On avance dans cette idée-là. VT

Du tac au tac

En six questions, Noélie décrit Alissa, et vice versa.

Sa principale qualité?

Noélie Haymoz: Elle est gentille et toujours de bonne humeur.
Alissa Touron: Elle est toujours souriante.

Son point fort sur la glace?

N.H.: Sa glisse, ses sauts et son interprétation.
A.T.: Sa vitesse de rotation en l’air.

Est-elle distraite à l’entraînement?

N.H.: Quasi jamais.
A.T.: Non, vraiment jamais.

Son style de patinage?

N.H.: Fluide et engagé.
A.T.: Equilibré.

Son principal trait de caractère?

N.H.: Elle est franche.
A.T.: Elle est très déterminée.

Que lui souhaites-tu pour sa compétition de ce week-end?

N.H.: Qu’elle s’amuse et fasse pour le mieux.
A.T.: Exactement la même chose. VT

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