Déception pour Noémie Kolly ce week-end au Canada, où elle devait disputer trois courses de Coupe du monde.

La Rochoise de 23 ans s’est fait mal à l’avantbras lors de la descente de vendredi et a déclaré forfait pour les autres épreuves.

Son prochain objectif: intégrer le top 30 des super-G de samedi et dimanche à Saint-Moritz.

VALENTIN THIÉRY

SKI ALPIN. Noémie Kolly est rentrée en Gruyère lundi avec une grosse déconvenue dans ses valises. Ce week-end, elle devait participer aux trois épreuves de vitesse à Lake Louise (Canada), toutes remportées par l’Italienne Sofia Goggia. Vendredi pour son dixième départ en Coupe du monde, une erreur d’intérieur lui a occasionné une douleur à l’avant-bras droit, synonyme d’abandon, puis de forfait samedi pour la seconde descente et dimanche pour le super-G. La Rochoise de 23 ans est focalisée sur la suite.

Quand avez-vous décidé de faire l’impasse samedi et dimanche?

Noémie Kolly: Samedi pendant la reconnaissance. Je n’arrivais pas à tenir mon bâton, car mes nerfs et mes muscles étaient compressés. Ça me donnait un genre de décharges électriques. Un de mes entraîneurs m’a dit que ça ne servait à rien de concourir. Et dimanche, je parvenais à bouger mon bras. La douleur était toutefois la même. C’était trop risqué de descendre et que la blessure empire. Ne pas prendre le départ était le choix juste, mais difficile à accepter.

Surtout que tous les voyants étaient au vert avant la compétition.

Physiquement, je me sentais bien. Je n’avais ni mal au genou ni au dos. Je sortais d’un mois d’entraînement avec les meilleures. Même si je concédais plus de secondes de retard qu’avec mon groupe de Coupe d’Europe (rires), le moral était là. Au final, c’est une blessure. Encore une. Rien de grave, mais mentalement, c’est dur. (n.d.l.r.: Noémie Kolly avait été victime d’une rupture des ligaments croisés du genou en août 2019.)

Un tel week-end peut-il vous rendre service pour le futur?

Je ne sais pas si ce sont les mots que j’utiliserais. Je vais gagner en expérience. Je connais une nouvelle piste sur le circuit Coupe du monde. Je ne pense pas que j’aurai plus ou moins d’appréhension à l’avenir. Pour l’instant, je ne trouve pas d’enseignement à tirer.

Comment avez-vous vécu cette aventure d’un mois outre-Atlantique?

Etre si longtemps loin de la maison, faire des FaceTime, parler beaucoup allemand et surtout de ski, ce n’est pas facile. Je comprends les Lara Gut-Berhami et Mikaela Shiffrin qui ont leur père ou leur mère avec elles. Ça aide. Ça m’a manqué de discuter à mes proches en vrai et de les serrer dans mes bras. Sportivement par contre, skier autant, c’est vraiment cool.

Samedi et dimanche (10 h 30), c’est déjà Saint-Moritz avec ses deux super-G.

C’est loin de La Roche, mais ça reste en Suisse. Je suis très contente que mes amis, ma famille et des gens du village puissent venir sur place, ça faisait longtemps. Je veux terminer dans les 30 premières. Je n’ai jamais skié sur cette piste. Je ne peux donc pas dire si c’est un tracé qui me convient. Je découvrirai la piste vendredi lors de la séance libre. Je ne vais pas trop anticiper ce rendez-vous. Normalement, je serai aussi à Vald’Isère (18-19 décembre). Je ne sais pas exactement si ce sera pour la descente ou le super-G. Après ces épreuves, nous ferons le point.

Votre objectif principal de la saison, c’est de skier avec l’élite en 2022. Après ce séjour nordaméricain, êtes-vous plus proche ou plus loin de l’atteindre?

Question plutôt compliquée. Je suis assez déçue avec ces résultats inattendus. Il faut que je les accepte. On n’est qu’au début décembre. La saison est encore très longue. Je dois aller de l’avant, même si je me pose quelques questions...

Par exemple?

Même si c’est une petite blessure, ça reste dans la tête. Est-ce que je vais y penser? Serai-je à 100% à Saint-Moritz? Je dois être positive et me dire que tout ira bien.

Ces quelques jours chez vous vont donc être importants.

Je vais me ressourcer auprès de ceux qui me permettent d’avancer. Ça me fera du bien. Même si jeudi je serai déjà repartie. ■

«Claquer un top 30» à Saint-Moritz

Ivano Nesa est le responsable du groupe de vitesse de la Coupe d’Europe chez Swiss-ski où il collabore beaucoup avec Noémie Kolly. Il n’était pas au Canada, mais il a suivi les déboires de la Gruérienne. «Grâce à une bonne préparation, elle était physiquement prête comme jamais. Elle avait eu cette chance de vivre une tournée avec les meilleures skieuses. Une partie du rêve est allé à la poubelle, glisse le Tessinois de 53 ans. Saint-Moritz sera donc important pour elle. Ce n’est pas une piste facile, mais elle aime bien les tracés compliqués. De plus, le départ lancé va lui permettre de créer de la vitesse et de se mettre rapidement dans le rythme.»

«Claquer un top 30», selon l’expression d’Ivano Nesa, offrirait à Noémie Kolly de reprendre de la confiance dans les Grisons et d’envisager la suite avec sérénité. «Après Val-d’Isère, une discussion entre l’athlète et le staff aura lieu. Soit Noémie aura l’occasion de poursuivre en Coupe du monde, soit on se concentrera sur la Coupe d’Europe pour aller chercher un podium au classement final. Un podium qui attribuerait une place fixe et nominative en Coupe du monde pour la saison prochaine, détaillet-il. C’est grâce à sa deuxième position sur le circuit européen l’an dernier que Stephanie Jenal peut courir toutes les courses de super-G. Selon moi, il faut être sage et viser une place fixe via la Coupe d’Europe.»

Noémie Kolly pourra aussi jouer sur les deux tableaux, avec la charge de travail supplémentaire que cela implique. VT

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