Vuisternens/Mézières reçoit Bâle ce samedi pour la dixième journée de 1re ligue féminine.

Les trois sœurs Conus sont réunies au sein de l’équipe glânoise qui se trouve juste sous la barre.

A la rencontre de Laetitia, Jessica et Marie qui parlent du début de saison chamboulé.

VALENTIN THIÉRY

FOOTBALL. Laetitia est ailière, à droite. Sa petite sœur Jessica est son pendant à gauche. Et l’aînée Marie est en défense centrale. Pour la première fois depuis leurs débuts à Ursy, les trois Conus sont réunies dans une même formation. A 24, 17 et 26 ans, les frangines font partie de la mission de maintien lancée par Vuisternens/ Mézières, en 1re ligue féminine. Le club glânois accueille Bâle ce samedi (18 h) pour tenter de s’extirper de la zone rouge. L’occasion de découvrir un triangle parfois turbulent, souvent soudé et dingue de foot depuis toujours.

Ça a toujours été une évidence de vous retrouver un jour sous un même maillot?

Jessica: Depuis que je suis toute jeune, je vais voir jouer mes sœurs. C’était logique que je les rejoigne après avoir fini le Team AFF.

Marie: On n’a pas trop dû insister pour qu’elle vienne. J’ai neuf ans d’écart avec Jessica. C’était un petit objectif que je reste dans cette équipe pour qu’on soit à trois. Ce sera une belle anecdote à raconter à nos enfants dans vingt ans.

Était-ce aussi inévitable que vous vous retrouviez à Vuisternens/Mézières?
Laetitia: On a un parcours assez semblable. On a commencé dès 5 ans avant de passer par le Team AFF et par le Team Vaud pour moi. Quand on y a goûté, ça donne envie d’évoluer à bon niveau. Dans le canton, le plus haut, c’est la 1re ligue, et il n’y a que deux clubs: Courgevaux et nous. Et puisque Vuisternens est à côté de la maison à Vuarmarens... On ne se voyait pas ailleurs.

C’est plus pratique pour vos parents également.

L.: Ils sont toujours venus à tous nos matches.

M.: Notre maman est notre plus grande supportrice. Quand nos rencontres et celle de notre frère étaient éparpillées, son agenda était bien organisé de façon à pouvoir assister à toutes.

J.: Si ça ne l’était pas, elle craignait de nous froisser en disant qu’elle ne serait pas présente.

M.: Non, elle n’avait pas de «chouchoute».

Quel est l’avantage d’être trois sœurs dans un contingent?

L.: On est vraiment proches. On sait les réactions que les deux peuvent avoir et comment gérer leurs émotions, puisqu’on les connaît mieux. Après, on ne vit pas tout de la même manière aux mêmes moments. On n’est pas que les sœurs Conus, on est Laetitia, Marie et Jessica (les deux autres acquiescent).

Et l’inconvénient?

M.: Ce n’est pas toujours judicieux de refaire les matches à la maison (ellerigole). Quand on gagne, c’est agréable de fêter ça avec l’équipe…

L.: Mais quand on ramène la frustration d’une défaite ou de notre performance personnelle, ça peut faire du bruit au domicile.

Quelles qualités footballistiques prendriez-vous à vos sœurs?

J.: La vision et le calme de Marie. La vitesse et la technique de Laetitia.

M.: La fougue de la jeunesse de Jessica. La vitesse et la technique de Laetitia.

L.: La combativité des deux. Le calme de Marie.

Vous êtes différentes comme joueuses?

J.: Laetitia et moi sommes plus à donner des coups d’accélération sur notre aile. Marie est plutôt à poser le jeu, à analyser et à réfléchir.

Et dans l’état d’esprit?

M.: On ne se laisse pas marcher dessus. Comme quand on rediscute d’un match. Quand on a une idée, même si la personne en face à des arguments, on tient tête.

L.: Sur le terrain, on n’est pas «transparentes». Avoir grandi avec des garçons en juniors nous a forgé le caractère.

J.: Mais on a cette faculté à savoir apaiser les choses. J’ai aussi appris ça quand j’étais capitaine l’année passée au Team AFF.

Qui est la plus dévouée pour son sport?

M.: En tout cas pas moi.
L.: Marie et moi sommes là depuis sept ans et la promotion en 1re ligue. On n’a jamais voulu changer. Pour les féminines, on organise des soirées ou des repas d’après-match.

M.: Oui, on rate des entraînements, mais on compense par notre investissement en dehors des pelouses.

Venir voir évoluer Vuisternens/Mézières cette saison, c’est l’assurance de...

M.: ...de passer un bon moment. Après la partie, on salue le public et on est souvent longtemps à la buvette. Pour amener du monde, on essaie de pouvoir jouer après les hommes. Ils restent ensuite et nous regardent. On a des échos comme quoi le ballon est au sol, c’est technique et stratégique, même si un poil plus lent et moins physique.

L.: C’est également constater un foot féminin très développé. Ça «casse» les clichés. Beaucoup disent qu’ils ne pensaient pas que ça jouait aussi bien. ■

Une expérience de ligue A sur le banc

Ces derniers mois n’ont pas été de tout repos au stade de La Condémine. Juste avant la préparation, l’équipe a décidé de se séparer du coach Eric Vuissoz. «Des joueuses disaient depuis un moment que ça n’allait plus. S’il restait, elles n’avaient pas envie de continuer. Il n’a pas fait les démarches pour qu’elles poursuivent. On a arrêté avec lui de peur que ça n’empire», confie Laetitia Conus, cocapitaine de Vuisternens/ Mézières. L’adjointe Elodie Jordao, elle, était partie en bons termes du côté de Sion, en Ligue nationale B.

Le local Anthony Thierry (photo, àgauche) a alors accepté de reprendre le contingent, rejoint après l’entame du championnat par Antonio Maregrande (àdroite). Le Glânois et son collègue forment un tandem apprécié mêlant jeunesse et expérience. Le Valaisan de 63 ans a notamment dirigé Yverdon en Ligue nationale A et Monthey en 1re ligue masculine. «Notre effectif est très jeune. Et j’aime la formation, glisse Antonio Maregrande. Je suis venu, car il y a de belles choses à faire.»

A commencer par gagner ce samedi face à Bâle, cinquième, pour passer au-dessus de la barre. Puis y demeurer pendant la trêve qui débutera après le match du 12 novembre. «Notre 10e place (sur 12 équipes) n’est pas si surprenante. Le changement tardif de staff, les arrivées, le nouveau système de jeu: il faut que ça prenne», livre Anthony Thierry. Et son binôme d’ajouter: «On affronte Bâle avec confiance. On a souvent fait de bonnes prestations contre des adversairs de haut de classement. Il n’y a aucune crainte à avoir, on sait ce qui nous attend.»

«Une petite famille»

Pour se maintenir, Vuisternens/ Mézières compte sur une grande cohésion de groupe, les transferts ayant bien été intégrés. «On est une petite famille. C’est une force par rapport au dispositif que nous utilisons et qui demande beaucoup de communication et de travail collectif. En revanche, nous ne sommes pas assez “tueurs” devant le but. Les filles sont motivées à progresser. Ça se voit lors de nos trois entraînements hebdomadaires», conclut le Glânois. Le tout sans être payées. VT

Du tac au tac

La cocapitaine et gardienne Estelle Zurkinden répond à cette question: «Quelle sœur appelles-tu s’il faut...»

...marquer un coup franc en pleine lucarne?

Estelle Zurkinden: Marie.
...pousser une bonne «gueulante» à la mi-temps?

Laetitia.

...payer une tournée à la buvette?

Les trois sont assez fortes pour ça.

...commencer l’entraînement à l’heure?

Aucune des trois.

...courir quinze kilomètres sur le match?

Jessica, grâce à sa jeunesse.

...effectuer un gros tacle bien appuyé?

Marie, c’est clairement son domaine.

...amuser la galerie avec des gestes techniques?

Plutôt Laetitia.

...demander au président d’être payées?

Marie, puisqu’elle est dans le comité (n.d.l.r.: elle est reponsable des compétitions). VT

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Vuisternens/Mézières, terre promise des sœurs Conus

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