Après vingt-trois ans d’activité, la troupe du CO de la Veveyse éCOlisée raccroche le tablier. Rencontre avec ses metteurs en scène de toujours Renée et Stéphane Simonet.

ÉLODIE FESSLER

THÉÂTRE. Des arbres, une petite caravane, une baignoire aux motifs colorés ou encore des guirlandes lumineuses. Depuis quelques jours, la cour du CO de la Veveyse (COV), à Châtel-Saint-Denis, s’est muée en scène de théâtre. Elle accueille la douzième et ultime pièce de la troupe du CO éCOlisée (lire ci-dessous).

Après vingt-trois années à guider 300 adolescents veveysans sur les planches, Renée et Stéphane Simonet ont décidé de mettre un terme à cette belle aventure. «Cette troupe, c’est un peu notre bébé. Elle représente une partie très importante de notre vie et elle a pris aussi beaucoup de place, explique Renée Simonet. J’ai envie d’avoir davantage de temps pour moi. Il faut savoir s’arrêter au bon moment.»

Montrer la réalité

Tout commence en 1999, en vue de l’inauguration de l’Univers@alle au COV. Claude Pillonnel, enseignant de français, est chargé de préparer un spectacle pour l’inauguration. Il monte une troupe et fait appel à sa fille Renée, étudiante au Conservatoire de Genève, pour la mise en scène de la pièce. Stéphane Simonet les rejoint une année plus tard, lorsqu’il entame sa carrière d’enseignant dans l’établissement. Le trio présente avec succès en 2001 Antigone de Sophocle. ECOlisée est née et s’apprête à vivre de belles années.

La troupe présente tous les deux ans des grands classiques, tels que Roméo et Juliette de William Shakespeare, La dame de chez Maxim de Georges Feydeau, Le roi nu d’Evgueni Schwartz, ou encore La visite de la vieille dame de Dürrenmatt.

Des pièces exigeantes que le public s’étonne parfois de voir jouer par de jeunes comédiens. «Cela nous a toujours tenu à cœur, réagit Renée Simonet. L’idée n’était pas de trouver des pièces adaptées pour des adolescents, mais de leur montrer la réalité.» Son mari renchérit: «Nous voulions faire “du vrai théâtre”, jusqu’au bout. Leur montrer le monde tel qu’il l’est, eux qui s’apprêtent à entrer dans la vie d’adulte.» Des thèmes parfois lourds, comme la mort, qui n’ont pas découragé les adolescents. Ils sont en moyenne 80 à se présenter tous les deux ans pour rejoindre les rangs, où environ 25 places sont disponibles. S’ensuit une année de cours où sont enseignées la pose de voix ou la gestuelle, puis une seconde consacrée principalement au montage de la pièce.

Poser de vraies questions

En Veveyse, chaque projet attire en moyenne 1600 spectateurs et éCOlisée peut se targuer d’avoir décroché des récompenses, dont deux prix au festival Friscènes de Fribourg en 2018. «Nous avons voulu proposer un théâtre qui pose de vraies questions sur la vie et sur le système dans lequel on évolue. Etre critique envers nous-mêmes et la société», analyse le metteur en scène.

Si la troupe s’arrête, Stéphane Simonet a déjà en tête avec un collègue un nouveau projet artistique pour les élèves du CO: se lancer dans l’écriture d’un scénario et créer un film. Renée Simonet, elle, envisage de proposer de l’improvisation lors d’une semaine thématique. Avant cela, le couple savourera les dernières représentations d’éCOlisée. «Il y aura beaucoup d’émotions.» ■

Du Shakespeare joué en plein air

La troupe éCOlisée s’est associée au chœur du CO pour présenter une adaptation de la pièce de William Shakespeare Commeilvous plaira. C’est dans la cour de l’établissement que se produiront les 50 comédiens et chanteurs les 4, 5, 9, 10 et 11 juin à 20 h 30 (réservations sur www.ecolisee.ch). Ceci pour célébrer les nouveaux bâtiments du CO (LaGruyère de jeudi). «Comme pour la toute première pièce en 2001, où nous avions fait appel au chœur pour l’inauguration de l’Univers@lle. La boucle est bouclée», relève Renée Simonet.

Avec son mari, ils ont opté pour cette «pièce festive et décomplexée» qui met en lumière divers thèmes, tels que l’émancipation de la femme, le fonctionnement de la société, les trahisons familiales, la folie, sans oublier les histoires d’amour. «Le théâtre doit être engagé, c’est le plus important. Cette année, dans l’épilogue, nous avons d’ailleurs laissé les jeunes s’exprimer sur leur école idéale», explique Renée Simonet. Le chœur du CO, lui, a créé neuf chants pour l’occasion. Si la météo se fait capricieuse, l’événement se déroulera à l’Univers@lle. EF

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